ANTIPEDAGO
Pédagogisme, antipédagogisme, républicanisme, mécanisme, utilitarisme...

Introduction

ANTIPEDAGO I – Jean-Paul Brighelli et Thierry Venot - 22 février 2011

ANTIPEDAGO II - Michel Delord, « Pédagogies efficaces » et pédagogisme, avril 2006 - 24 février 2011

ANTIPEDAGO IIbis - Une précision pour Mathieu Kessler sur les "pédagogies efficaces" - 06 mars 2011

ANTIPEDAGO IIter - Antipédagogisme et républicanisme : Le gaullisme et le chevènementisme, appuis du pédagogisme ? - 08 mars 2011

ANTIPEDAGO IIquater - Guy Morel et  Isabelle Voltaire, défenseurs du mythe du général de Gaulle antipédago ? - 12 mars 2011

ANTIPEDO IIquinquies - Contre Meirieu et Brighelli ? - 14 avril 2011

ANTIPEDAGO III


ANTIPEDAGO IV
....

Bonjour

J’arrive un peu après la bataille sur la question du pédagogisme et de l’enseignement mécaniste  mais ça ne fait rien, il y aura d’autres batailles sur le sujet puisqu’il est central. Je voudrais montrer simplement, en partant du principe qu’il faut certes balayer partout mais qu’il est mieux de commencer en balayant d’abord devant et autour de sa porte, que la question est loin d’être clarifiée dans le « camp antipédagogiste ». Et une fois cette base acquise, base qui permet d’éviter de fausses directions d’analyse, essayer de donner quelques indications simples sur  les rapports entre pédagogisme, antipédagogisme, danger du « mécanisme » …

D’autant plus que, et pas seulement chez les antipédagogistes, l’opposition pédagogiste / antipédagogiste  est souvent remplacée par l’opposition pédagogiste / républicain, ce qui ne simplifie pas la question puisque nous passons ainsi du terrain pédagogique au terrain de l’analyse des forces politiques en présence, terrain que l’on ne peut donc éviter même s’il faut prendre un certain nombre de précautions non purement oratoires pour que le débat soit possible. Et, puisque la question scolaire moderne  s’inscrit dans une trajectoire historique et politique - et aussi géopolitique mais c’et une autre question -, on est donc obligé d’avoir un bilan où au moins les axes d’un bilan du rôle des grandes forces historiques sur la question scolaire, les plus importantes étant au niveau international les avancées et reculs du mouvement libéral et celles du mouvement ouvrier y compris son involution stalinienne qui, corrélativement à l’importance des néo-socialistes, a finalement envahi l’ensemble de la gauche depuis les années trente.   

Sans prétendre traiter immédiatement ici des questions aussi importantes, je propose de commencer simplement, avec ‘ANTIPEDAGO I’ par une analyse très succincte de deux citations, l’une de Thierry Venot et l’autre de Jean-Paul Brighelli, qui sera suivis dans la suite des ANTIPEDAGO II, III etc d’extraits de textes historiques et de textes personnels datant de 2004 à 2010, puis un retour explicatif  à ces deux citations et à l’enjeu qu’elles déterminent.  
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ANTIPEDAGO I
 Jean-Paul Brighelli et Thierry Venot


Donc voici les deux citations et je mets entre #  # les passages dont je veux souligner l’importance :

 a) Jean-Paul Brighelli sur Bonnet d’âne

Pourquoi les élèves ne comprendraient pas la langue ? demande ingénument (?) Emma…
Bon, je devrais faire un cours… Je n'ai pas le temps, j'ai un carré de porc en croûte d'herbes au miel sur le feu…
Mais en gros :
##parce qu'il en est de la grammaire comme des maths : expliquer le pourquoi d'une règle ou d'un théorème est très difficile. C'est d'un bon niveau universitaire, au moins.
Alors autant apprendre par cœur que le carré de l'hypoténuse etc., ou que le subjonctif après "après que" est une faute… Parce que la démonstration peut attendre, et que l'expression du réel ou de l'irréel, hein…##
##D'ailleurs, je ne demande pas aux instits d'être absolument calés dans toutes les matières qu'ils doivent enseigner. Ils sont des tuteurs (c'est le sens étymologique), pas Pic de la Mirandole.## *
JPB
Écrit par : brighelli | 13 février 2011

b) Thierry Venot sur le forum des Cahiers pédagogiques

« En revanche, je bondis quand je lis ce que vous écrivez concernant les visées pédagogiques qui seraient prônées par le GRIP. ##A propos des mathématiques, vous parlez de vision mécaniste. Cela est un comble pour une pédagogie qui, précisément, recommande de partir des nombres concrets en utilisant des manipulations variées (bûchettes, bouliers, balances, mesures diverses...)##. En s’appuyant sur des situations tangibles adaptées aux jeunes enfants, cette pédagogie tend justement à aller progressivement vers l’abstraction et ce, sans jamais découpler numération et calcul (justement ce que vous appelez la construction du nombre) »


c) Prenons d’abord la citation de Jean-Paul Brighelli / Abraxas [1] et en particulier sa position sur les maths bien que sa position sur le français sur laquelle je reviendrai mérite une critique conceptuellement proche. Il dit explicitement que la démonstration des théorèmes étant « très difficile », on ne fait pas la démonstration du théorème de Pythagore au moment où on le présente. Nous sommes ici bien-au delà de ce que j’appelle dans différents textes « le danger permanent de la tendance historique au mécanisme » [2] que l’on peut constater dans l’enseignement secondaire depuis au moins les années 30 et que dénoncèrent en leur temps les Lebesgue ou les Marc Bloch, qui n’est justement qu’une tendance. Ce que Jean-Paul Brighelli défend ici [3]- sans aucune protestation de membres du GRIP sur son blog -,   c’est purement et simplement le noyau du « pédagogisme » en maths , ce contre quoi se sont créés « 2+2=4, MathematicallyCorrect » aux USA ou « Sauver les maths » en France, c'est-à-dire l’idée qu’il peut y avoir des mathématiques sans démonstrations et que l’essentiel est ce qui est appelé « le rapport des mathématiques au réel » ou l’aussi vague que dangereuse « résolution de problèmes ».  On est donc bien au-delà de la critique de Lebesgue expliquant que, sous l’effet du bachotage, « Les mathématiques cessent d'être un monument, c'est un tas».

Si l’on prend maintenant la citation de Thierry Venot elle est - pour le moins – très unilatérale puisque, pour se défendre contre l’accusation de mécanisme, il  met prioritairement en avant l’importance des manipulations. Or celles-ci n’empêchent pas, bien au contraire la restriction de l’enseignement des connaissances aux compétences et le théorème de Pythagore cité précédemment est bien par excellence l’exemple  qui permet de montrer comment les manipulations ne suffisent pas à garantir contre la réduction « anti-mathématique » de l’enseignement aux mécanismes  ( Voir ANTIPEDAGO x)

Et d’autre part elle converge dangereusement à mon sens - c’est ce que nous essaierons d’évaluer - avec par exemple l’importance accordée aux manipulations par un Roland Charnay ou Philippe Joutard dans la conception des programmes de 2002.
Le problème est posé.

22 février 2011
Michel Delord
Notes
[1] Je ne m’étend pas sur la dernière partie de la citation de Jean-Paul Brighelli. Mais au moment où le niveau de formation disciplinaire des enseignants et des instituteurs en particulier est particulièrement bas, il est aussi judicieux que démagogique d’affirmer « D'ailleurs, je ne demande pas aux instits d'être absolument calés dans toutes les matières qu'ils doivent enseigner. Ils sont des tuteurs (c'est le sens étymologique), pas Pic de la Mirandole »
[2] Voir Michel Delord, Quelques éléments historiques sur le danger récurrent de l’utilitarisme, exposé à l’Institut, 7 février 2007
[3] Il sera également intéressant de comprendre la logique du débat qui a amené Jean-Paul Brighelli à prendre cette position.
 
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ANTIPEDAGO II 
 Michel Delord, « Pédagogies efficaces » et pédagogisme, avril 2006

Extrait d’un débat sur la liste du GRIP
 
Date: Mon, 17 Apr 2006 21:51:18 +0200
To: GRIP
From: Michel Delord
Subject: Re: Maquis et noyade
Cc: LAFFORGUE Laurent

Les " pédagogies structurantes " , tout comme les " pédagogies efficaces ", ont la caractéristique de ne défendre explicitement aucun programme et de n'avoir été définies nulle part en fonction des contenus des programmes. Je suis a priori très méfiant pour toute pédagogie qui ne fait pas référence EXPLICITEMENT à des progressions / programmes précis dans sa définition[1] Françoise Puel citait récemment une définition du pédagogisme donnée par Liliane Lurçat
" Le pédagogisme sépare la pédagogie des disciplines. Il veut se situer au dessus des connaissances à transmettre auxquelles il substitue un arsenal de techniques et de procédés " (Liliane Lurçat, Vers une école totalitaire, page 10).

Il faut y rajouter, à mon avis, en considérant que le pédagogisme est un processus produisant la dégénérescence de l'enseignement, le degré de pourrissement obscurantiste auquel on arrive.

17 avril 2006
Michel Delord

[1] A ma connaissance, la seule définition des méthodes en pédagogie qui les définit explicitement en les faisant dépendre du contenu enseigné ( c'est-à-dire des programmes et progressions ) et qui est donc antipédagogistes par essence (ce ne sont pas des méthodes au sens moderne * , séparant le contenu de la méthode) est celles des pédagogues du début de l'instruction publique que l'on retrouve par exemple dans le texte de Gabriel Compayré " Les méthodes en général " .

Citation :

En d'autres termes, les méthodes d'enseignement devront toujours se conformer et s'adapter à ces trois principes généraux :
1° les caractères propres des connaissances que l'on communique à l'enfant ;
2° les lois de l'évolution mentale aux divers âges de la vie ;
3° le but propre et l'étendue de chaque degré d'instruction.

Le 1) définit le contenu de l'enseignement (les éléments du programme), le 3) définit la structuration des programmes (c'est-à-dire que les deux premiers points sont bien ce qui est la caractéristique du GRIP). Quant au 2), c'est à mon sens ce qu'apporte la méthode intuitive, c'est-à-dire on ne fait pas un enseignement partant de l'abstrait, un enseignement des mots et du discours ( id est ce que l'on peut appeler un enseignement " dogmatique").

*  Il semble que le scientisme introduisant plus ou moins massivement des statistiques pour la mise au point des méthodes et présentant l'éducation des maîtres comme une "formation" apparaisse plus tard en France qu’aux USA. Elle est en tout cas théorisée très tôt aux USA notamment par John Franklin Bobbit (The Curriculum, 1918) et Werrret W. Charters (Curriculum construction, 1923) qui se présentent comme application du taylorisme à l'école, qui est toujours accompagné de la mise en avant de la formation de l'Efficient Citizenship dans le cadre général du "Culte de l'efficacité"
Sur ce sujet, voir :
- les références que j'ai données en 2000 dans « Aux sources troubles de la pédagogie de projet : huile de ricin et coca-cola »  et notamment Mara Holt, Dewey and the "Cult of Efficiency",
- le site de John Taylor-Gatto
- Ellen Condliffe Lageman, An Elusive Science : The Troubling History of Education Research, The University of Chicago Press, 2000.


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1) Il n'est pas inutile ici de compléter par une autre citation de Gabriel Compayré qui fait partie de la conclusion intitulée  Esprit général d'une bonne méthode du chapitre Les méthodes en général déjà cité supra :

Toutes les considérations qui précèdent n'ont d'autre utilité pratique que d'obliger le maître à réfléchir sur les principes mêmes de l'enseignement, sur la nécessité de tenir compte à la fois, et de la nature des enfants auxquels il s'adresse, et de la nature des connaissances qu'il communique. Qu’on n'aille pas s'imaginer qu'il  suffit, pour bien enseigner, de connaître les distinctions abstraites de la pédagogie. La première condition pour être un bon professeur, ce sera toujours de posséder fond la science qu'on est chargé de professer. Un pédagogue anglais, M. Laurie, le fait observer avec raison : « Un maître dont l'intelligence est cultivée, et  dont la volonté est fortifiée par l'expérience, par la raison, par la religion, peut être en état de produire  chez les autres les qualités qu'il possède lui-même, et d'adapter inconsciemment les procédés qu'il emploie à une méthode exacte.»( M. Laurie, Primary Instruction in relation to Education. Edimbourg 1883, p. 27.)

2) Lorsque je parle ici de "pédagogisme" en validant d'une certaine manière  le contenu de la définition de Liliane Lurçat, on pourrait me rétorquer que c'est moi qui impute à une grande fraction des pédagogues français une position qu'ils n'ont pas ...  sauf que je n'ai jamais vu de la part des Cahiers pédagogiques, par exemple,une critique des thèses de
Jacques Nimier que l'on retrouve à sa page "Histoire de la didactique des mathématiques"  - y compris une vidéo  de JC  - et dont j'ai donné une critique dès 2000 dans Survol, Sciences d l'éducation.

3) On peut constater une convergence certaine entre cette vision "pédagogiste" de l’enseignement,  la vision managériale  et le stalinisme qui surestiment toutes trois les questions organisationnelles et de structures formelles par rapport au fond et au contenu. 
ANTIPEDAGO III montrera quelques limites de l’expression de la dégradation de l’enseignement sous le terme de pédagogisme.


24 février 2011
Michel Delord
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ANTIPEDAGO II bis 
Une précision pour Mathieu Kessler sur les "pédagogies efficaces"

Fil Herouville

Mathieu Kessler a écrit supra le le 26 février 2011 à 14:41:

"@Michel Delord

Permettez-moi de rebondir sur deux mots souvent invoqués dans des discussions et que vous utilisez plus haut comme base de vos réflexions.

Quel est le critère d’une “pédagogie efficace” ?

Il y a une ambiguïté dans votre discours dans la mesure où on ne sait pas s’il s’agit d’une pédagogie qui vous paraît efficace au nom d’arguments purement rationnels ou bien s’il s’agit d’une pédagogie plus efficace que d’autres d’après une ou plusieurs études comparatives examinant les performances des élèves soumis à divers “traitements”."

Désolé pour le retard de la réponse.
Lorsque j'emploie  dans la partie II de http://michel.delord.free.fr/antipedago , "pédagogies structurantes" ,  "pédagogies efficaces" - et c'est pour cela que j'y ai mis des guillemets -, je désigne par ces mots  la tendance pédagogique qui se désigne elle-même sous ces noms. Elle se réclame historiquement du projet des années 60/70 Follow-through  et de la Direct instruction ( dont la traduction française est en gros « Enseignement explicite ») . Elle a ensuite été défendue notamment au Canada par Steve Bissonnette et Clermont-Gauthier  et reprise en France  à partir de 2006/ 2007 par  Bernard Appy – celui qui truque les citations d Buisson -  d’abord dans le cadre de la « Troisième voie » puis maintenant dans le cadre de l’organisme Formapex.

Je connais assez bien cette tendance puisque j’ai d’abord milité en accord avec Steve Bissonnette sur un certain nombre de forums canadiens ( dont ceux de Mario Asselin  [2] et Gilles Jobin [3] ). Puis  j’ai introduit en France les textes de Steve Bisonnette et Clemont Gauthier mais en montrant immédiatement les réserves que je faisais à leur sujet. Mais lorsque j’ai fait connaître ces textes à Marie-Christine Bellosta, il semble qu’elle avait besoin d’une théorie toute faite pour la Fondapol et elle a donc popularisé ces thèses sans aucune critique.  Tout ceci est relaté  avec quelques détails dans mon  texte de 2009 « A propos des pédagogies efficaces »

Comme la puissance de feu de la Fondapol était supérieure à la mienne et probablement parce que  les thèses qui mettent en avant le contenu des disciplines et non les méthodes sont plus difficiles d’accès (notamment justement parce qu’elles demandent un très haut niveau disciplinaire), c’est la vision  « Fondapol » qui a triomphé.

Ceci dit , Mathieu, vous pouvez trouver plus de renseignements  les « pédagogies efficaces » version française et « La troisième voie » dans Wikipédia à  http://fr.wikipedia.org/wiki/La_3e_voie… que je découvre ce soir et sur lequel il faudra que j‘apporte de sérieuses corrections et compléments

 Cabanac, le 05/03/2011

Michel Delord

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ANTIPEDAGO II ter 
Antipédagogisme et républicanisme : Le gaullisme et le chevènementisme, appuis du républicanisme pédagogique?


Le républicanisme scolaire s'appuie en France sur deux héritages présentés comme antipédagogistes, l'un de gauche descendant du stalinisme et bien représenté par le courant chevènementiste et l'autre basé sur le gaullisme.

Or il n'y a aucun héritage "antipédagogiste", dans ces deux courants. En voici quelques éléments de preuve :

A) Le cas de de Gaulle et du gaullisme : Alain Peyrefitte, alors ministre de l'éducation,  présente au conseil des ministres du 28 février 1968, soit avant mai 1968, un texte en vingt-sept points sur la « rénovation pédagogique ».  Lors de ce conseil le général de Gaulle défend explicitement « l’allégement des programmes », et soutient tout aussi explicitement les positions de son ministre - Pour cette rénovation pédagogique, je vous appuierai - pour un texte  qui contient quasiment tous les grands thèmes du « pédagogisme », explicité quelquefois sous des formes que le pire des pédagogistes n'oserait plus employer en 2010.

Vous trouverez
- une présentation de ce texte dans Le général de Gaulle est le premier "pédagogiste" : Les vingt-sept points de la "rénovation pédagogique " du groupe de travail d'Alain Peyrefitte , suivie des quelques remarques
- ici l'intégralité des vingt-sept points
- ici le compte rendu par Alain Peyrefitte du conseil des ministres du 28 février 1968

B) Le cas Chevènement : Il est sûr que ceux qui s'appuient sur les pires cotés de l'école de Jules Ferry - son nationalisme exacerbé par exemple -  considèrent que Jean-Pierre Chevènement a été un fier combattant de l’école républicaine puisqu’il a rétabli la marseillaise. C’est leur droit absolu de se placer sur ce terrain.

Mais si le critère d’appréciation  n’est pas celui-là et s'il vise principalement les contenus d’enseignement et les programmes pour l’arithmétique et le français et en particulier pour le primaire et les débuts de l’enseignement primaire, l'on peut constater, à la lecture des programmes 1985 du primaire signés Chevènement, que celui-ci n’enraye pas la dégénérescence de l’école mais l’accompagne.

Pour plus de précisions lire : Jean-Pierre Chevènement, Ministre de l’éducation nationale ... et donc, même pas ministre de l'Instruction publique
I) Jean-Pierre Chevènement …  siffle la fin de la récré. - 18/01/2011
II) Jean-Pierre Chevènement bis, … beaucoup plus fin que les chevènementistes. - 26/01/2011
III) Jean-Pierre Chevènement ter ...  la suppression des IUFM. - 05/03/2011

Bonne lecture.

Cabanac, le 08/03/2011
Michel Delord

ANTIPEDAGO IIquater
Guy Morel* et Isabelle Voltaire** défenseurs du mythe d'un général de Gaulle antipédago?
* Secrétaire du GRIP , ** Trésorière du GRIP

Le texte supra
Le général de Gaulle est le premier pédagogiste... ayant provoqué des réactions intéressantes sur un sujet - la question algérienne - sujet qui n'est pas secondaire,  je suis obligé de répondre avant de passer à Antipedago III et IV.

Prenons donc dans l'ordre le dialogue : 
Guy Morel nous dit :

@ Fiabilité
Quel est le degré de fiabilité des déclarations d’Alain Peyreffite qu’on nous rapporte ici ?
Rédigé par : guy morel | le 08 mars 2011 à 22:18



Luc Cédelle rajoute :

Bonne question de Guy Morel sur la fameuse citation du Général sur “Colombey-les-Deux-Mosquées”.
On peut effectivement s’interroger sur le degré de fiabilité de la citation et surtout sur le statut de cette parole rapportée, dont tous les sites d’extrême droite ou proche se gargarisent aujourd’hui.
Pas seulement l’extrême droite “officielle” d’ailleurs, mais aussi la néo-extrême droite en gestation entre une partie de l’UMP tendance dure et le courant idéologique incarné par Eric Zemmour, l’ami des antipédagogistes éblouis d’avoir trouvé encore plus “décapant” qu’eux-mêmes.
Irrésistible, n’est-ce pas, de pouvoir exprimer tranquillement une profession de foi aux accents racistes (”Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne.”) en la mettant entre guillemets et sous la responsabilité du général De Gaulle…
Alain Peyrefitte qui rapportait ces propos dans “C’était De Gaulle” peut être considéré comme une source fiable. N’empêche qu’il s’agit bien de propos rapportés et que, même s’ils sont dans le style du personnage, ils ne peuvent avoir le statut d’une parole officielle et soupesée.
A considérer comme historique (et à s’en servir en tant que tel) tout propos tenu en privé sur le ton de la confidence, de l’exaspération, de la boutade ou de plaisanterie grasse, on trouverait beaucoup plus de racistes et d’antisémites qu’il n’y en a en réalité.
Par ailleurs, ces propos rapportés doivent être situés dans leur contexte politique immédiat: celui d’une argumentation faisant feu de tout bois (même de bois pourri) contre les tenants de l’Algérie française.
LC
Rédigé par : education | le 09 mars 2011 à 10:21


Michel Delord, répondant  à Guy Morel :

Une réponse de “On”, c’est-à-dire celui « qui rapporte ici ».
Question intéressante qui touche non pas les « déclarations » d’Alain Peyrefitte mais les écrits du même. Je suppose donc que si Guy Morel se pose des questions sur la valeur du témoignage d’Alain Peyrefitte, c’est qu’il a quelques éléments pour montrer que l’on ne doit pas se fier à ce qu’ecrit Peyrefitte.
Dans le cas contraire, ceci signifierait que Guy Morel introduit un soupçon sur ce que raconte Alain Peyrefitte mais n’en introduit aucun sur ce qui est l’opinion opposée qui présente de Gaulle comme favorable à l’instruction.

Je rappelle ce que j’ai écrit dans « Le général de Gaulle est le premier “pédagogiste” », , que je conclus en posant la question suivante :
« Pourquoi personne ne s’appuie sur les textes d’Alain Peyrefitte sur l’école ? La raison essentielle en est bien sûr que personne n’a intérêt à les exhiber puisqu’ils mettent en cause aussi bien la problématique des républicains que celles de leurs opposants. A cet égard , il est assez remarquable de relire l’interview de Jacques Narbonne, conseiller du général de Gaulle pour l’éducation, interview intituléeDe Gaulle et l’éducation : comment en sommes-nous arrivé là ? faite par Isabelle Voltaire et Claude Rochet en 2002 pour la revue Panoramiques. Dans cette interview parue deux ans après la publication du dernier du C’était de Gaulle d’Alain Peyrefitte qui met complètement en cause la version de Jacques Narbonne, les interviewers ne posent aucune question gênante. Serait-ce parce qu’ils ne connaissent pas le texte de’Alain Peyrefitte, qu’ils le connaissent mais n’en parlent pas ou tout simplement que, comme ils ont envie de l’image d’un de Gaulle antipédagogiste, ils n’ont pas du tout l’idéee d’aller chercher des positions de de Gaulle qui contredisent leur vision. Ils auraient au moins pu demander à Jacques Narbonne pourquoi, dans son livre de 1994 De Gaulle et l’éducation : une rencontre manquée, il ne mentionne ni les vingt-sept points ni le conseil des ministres du 28 février 1968. »

Or Guy Morel, cet ennemi juré du républicanisme, doute explicitement de la fiabilité de la position d’Alain Peyrefitte mais ne doute pas - ou « oublie » de douter publiquement – de la fiabilité des positions de Jacques Narbonne reprise par sans critique notamment par Isabelle Voltaire. N’est-il pas en train justement de combattre les produits dérivés du républicanisme en protégeant le noyau historique ?
MD
Rédigé par : Michel Delord | le 09 mars 2011 à 10:28 | Alerter

Ce à quoi Guy Morel répond d'abord :

@Fiabilité ( suite)

"Or Guy Morel, cet ennemi juré du républicanisme, doute explicitement de la fiabilité de la position d’Alain Peyrefitte mais ne doute pas - ou « oublie » de douter publiquement – de la fiabilité des positions de Jacques Narbonne reprise par sans critique notamment par Isabelle Voltaire. N’est-il pas en train justement de combattre les produits dérivés du republicanisme en protégeant le noyau historique ?
MD

Je veux rassurer MD : j’applique le même principe de précaution aux mémoires de Narbonne qu’aux confidences de Peyrefitte.
Pour éviter d’être accusé à nouveau de protéger un quelconque “noyau historique”, j’ajoute que j’applique la même méthode à des documents pourtant officiels et consacrés comme tels. Par exemple au Plan Langevin-Wallon dont tout le monde cause, de Philipe Nemo à Philippe Meirieu, sans disposer des comptes-rendus des séances de travail au cours desquelles il fut élaboré, c’est-à-dire sans connaître les négociations de toutes sortes qui ont dû avoir lieu entre les participants à cette élaboration, c’est-à-dire sans rien savoir des enjeux réels de ce plan.

Rédigé par : Guy morel | le 09 mars 2011 à 11:56


Puis Guy Morel rajoute  :

@Fiabilité encore

Pour prolonger ma réponse à MD sur le principe de précaution qui consiste au moins à croiser les sources et à les critiquer et à rétablir le contexte de manière large, je signale aux lecteurs de ce blog le texte d’une conférence prononcée en 1974 devant un parterre de francs-maçons par l’Inspecteur général G. Belbenoît, alors vice président de la Ligue de l’enseignement, conférence qui n’est pas, me semble-t-il, sans rapports avec les mesures préconisées en 1968 par Alain Peyrefitte, mesures en partie réalisées dans les IO pour le primaire de 1969.
C’est à http://www.samuelhuet.com/paid/43-melanges/727-g-belbenoit-reflexions-profane-eveil
La lecture ce ce document dans une perspective delordienne pourrait donner naissance à la thèse suivante : le général de Gaulle, premier pédagogiste en 1968, fut rejoint quelques années plus tard par les frères trois points. À moins que ça ne soit l’inverse et que les-dits frères aient travaillé en sous-main avant 1968 à convertir le général au pédagogisme.

Rédigé par : guy morel | le 09 mars 2011 à 12:19



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*      *

Reprenons donc :

A propos des extraits du livre d’Alain Peyrefitte « C’était de Gaulle »

La situation théorique / politique  est différente pour ce qui fait partie des références à la question algérienne et ce qui fait partie des références à la question scolaire.
Sur la question algérienne, existaient déjà des citations - mais toujours partielles -  des positions attribuées au général de Gaulle par Alain Peyrefitte. Mon rôle a été ici simplement de fournir des citations non tronquées mais je ne révélais rien de radicalement nouveau.
Par contre,  pour ce qui concerne la question scolaire, il n’y avait jusqu’à maintenant non seulement aucun document publié sur Internet  mais aucune référence sur « tout support » et personne ne faisait référence aux positions attribuées au général de Gaulle par Alain Peyrefitte sur ce sujet. Mo rôle a été ici de faire connaître des positions qui étaient inconnues jusqu’ici.

1) La référence à la situation algérienne

Je remarque que Luc Cédelle - dans son message du 09 mars à 10:21 - aussi bien que Guy Morel – dans ses messages du même jour à 11:56 et 12 :19 - semblent se focaliser sur la question algérienne car  ils ne parlent pas ou ne parlent explicitement ni des citations de de Gaulle rapportées par Alain Peyreffitte portant sur la question scolaire ni  du rapport en 27 points de la commission « Gauthier-Peyrefiite ».

Or si je peux admettre que l’on puisse « se poser des questions » sur les citations de de Gaulle sur l’Algérie, je pense que  l’on ne peut douter
- ni de l’existence du rapport en vingt-sept points  sur la rénovation pédagogique
- ni au minimum du fait qu’il n’a pas provoqué  de scandale de la part de de Gaulle – à ma connaissance mais que l‘on me détrompe s’il en existe une preuve -  lorsqu’il a été présenté par Alain Peyrefitte au conseil des ministres de février 67.

Or ces deux points - non douteux à mon avis – suffisent à montrer à mon sens qu’il n’y a pas d’opposition ni du Gaullisme – mais cela  on le savait – ni du général de Gaulle au "pédagogisme".

Il y a donc eu de ma part une erreur, disons «  pédagogique »,  qui vient du fait que j’ai parlé dans le même message de la question algérienne et  de la question scolaire mais je pense quand même que mon intention était claire :
- mon but essentiel en fournissant les chapitres complets du livre « C’était de Gaulle » sur la situation algérienne était, comme je l’indique explicitement dans « Le général de Gaulle est le premier "pédagogiste" »  de donner des « citations que vous trouverez, dans leurs contextes (souligné par moi) », ce que l’on ne trouvait pas sur Internet jusqu’à ce jour.
- dans mon message supra du 08 mars 2011 à 17:22 sur ce blog, je présente ces textes comme un « Petit + »,  c'est-à-dire explicitement comme non centraux par rapport au sujet traité qui est clairement la position de de Gaulle sur l’école.

Ceci dit, à mon avis -je répondrai ultérieurement plus précisément au message de Luc Cédelle qui parle explicitement de la question algérienne, question qui est une question politique centrale  -, je ferai quelques simples remarques :

    -ces citations  sur l’Algérie, lorsqu’elles sont non isolées de  leur contexte [*] montrent bien que l ‘esprit général de ce que dit de Gaulle n’est pas étranger à l’esprit des citations réduites qui sont habituellement faites,  notamment par des sites défendant la position de l’OAS, sur  « colombey-les-deux-mosquées » et sur « le-président-arabe-à-l’élysée », ce qui n’est somme toute pas étonnant provenant de  la part d’un maurrassien comme de Gaulle. Eric Zemmour
    -je ne comprends pas l’argumentation de Luc Cédelle : la question à mon sens, à moins de considérer de Gaulle comme LA référence,  n’est pas que certains « puissent exprimer tranquillement une profession de foi aux accents racistes (”Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne.”) en la mettant entre guillemets et sous la responsabilité du général De Gaulle… » puisque, après tout, ils ne pourraient pas le faire si l’on ne pouvait pas soupçonner de Gaulle de ce type de pensée. Or si l’on prend très simplement l’histoire du gaullisme, il est manifeste que le « Je vous ai compris »  était un soutien de de Gaulle au nationalisme français colonialiste. Et on se demande bien pourquoi en ce sens, le général serait devenu brutalement anticolonialiste progressiste alors que les déclarations reproduites par Alain Peyrefitte montrent simplement la continuité nationaliste du général qui souhaite une nation française « pas trop impure ». Il semble d’ailleurs que ce que je dis ne soit pas nouveau et correspond à la thèse de Benjamin Stora que je citais dans « Avoir l’oreille du ministre est dangereux … ».
     - au fond, je pense qu’il fallait publier ces textes et qu’il faudra avoir un débat sérieux sur le sujet : ces textes sont certes extrêmement gênants au moins pour ceux qui défendent l’idée d’un de Gaulle progressiste. Mais faut-il faire ce que tout le spectre politique a fait, avec le succès que l’on connaît, pour le Front National :  pousser les cendres sous le tapis pour s’étonner ensuite du fait que le tapis prenne feu ? 

[*] Lire intégralement  http://michel.delord.free.fr/cdgap-2mosquees.pdf que j’ai justement publié pour que les internautes puissent voir le contexte de ces citations.

2) La position de de Gaulle sur l’école et en particulier l’école primaire.

En ce cas, comme je l’ai dit, je suis le premier  sur internet - cela peut se vérifier – à publier les vingt-sept points sur la rénovation et à évoquer ces positions d’Alain Peyrefitte et du général de Gaulle sur l’école.

On peut donc légitimement se demander pourquoi, au bout de plus de 10 ans après publication,  personne n’évoque ces positions et pourquoi l’on ne présente comme position de de Gaulle sur l’école – et sans aucun recul critique  sur l’allégement des programmes – que celle de Jacques Narbonne qui donne - c'est un euphémisme - une image beaucoup plus antipédagogiste du général que celle fournie par Alain Peyrefitte.

Dans ces conditions on ne peut que s’étonner, comme je l’ai déjà dit, de la position exprimée par Guy Morel à la publication de mon texte puisqu’il dit explicitement ce que je cite à nouveau :

@ Fiabilité
Quel est le degré de fiabilité des déclarations d’Alain Peyreffite qu’on nous rapporte ici ?
Rédigé par : guy morel | le 08 mars 2011 à 22:18

J’aurais donc compris qu’une attitude non sectaire de Guy Morel le pousse à saluer d’abord positivement ma publication de ces documents qui n’étaient disponibles nulle part - et qu'il n'a jamais mentionné -, quitte à faire ensuite remarquer qu’ils donnaient une image contradictoire par rapport à ceux de de J. Narbonne et que cela permettait d’ouvrir un débat.

Mais ce n’est pas du tout ce qu’a fait Guy Morel : il a émis, de manière complètement unilatérale, des doutes sur la fiabilité de ce qui est rapporté par Alain Peyrefitte en n’en émettant aucun sur ce qui est pourtant la position centrale et classique de l’antipédagogisme républicain - partagée par le chevènementistes et les gaullistes - c'est-à-dire la version  rapportée par J. Narbonne. Et lorsque je luis fais ce reproche, Guy Morel répond en deux temps.

Premier temps : le 09 mars 2011 à 11:56
 
Je veux rassurer MD : j’applique le même principe de précaution aux mémoires de Narbonne qu’aux confidences de Peyrefitte.
Rédigé par : guy morel | e 09 mars 2011 à 11:56

" J’applique le même principe de précaution aux mémoires de Narbonne qu’aux confidences de Peyrefitte" : affirmation absolument sans fondements … puisque, aussi bien au sein du GRIP qu’en public, Guy Morel
- non seulement n’a JAMAIS fait une seule remarque négative sur les positions de Jacques Narbonne
-mais il s'est même servi publiquement de passages de textes de J. Narbonne pour défendre son point de vue … sans aucun "principe de précaution".

Si Guy Morel a des écrits datés mettant en défaut mon argumentation, qu'ils les produisent. 
Pour se convaincre de la véracité de ce que j'avance faire une recherche Google sur Narbonne, Morel.

Deuxième temps : 09 mars 2011 à 12:19 . Le message de Guy Morel mérite d’être  entièrement cité :

@Fiabilité encore
Pour prolonger ma réponse à MD sur le principe de précaution qui consiste au moins à croiser les sources et à les critiquer et à rétablir le contexte de manière large, je signale aux lecteurs de ce blog le texte d’une conférence prononcée en 1974 devant un parterre de francs-maçons par l’Inspecteur général G. Belbenoît, alors vice président de la Ligue de l’enseignement, conférence qui n’est pas, me semble-t-il, sans rapports avec les mesures préconisées en 1968 par Alain Peyrefitte, mesures en partie réalisées dans les IO pour le primaire de 1969.
La lecture ce ce document dans une perspective delordienne pourrait donner naissance à la thèse suivante : le général de Gaulle, premier pédagogiste en 1968, fut rejoint quelques années plus tard par les frères trois points. À moins que ça ne soit l’inverse et que les-dits frères aient travaillé en sous-main avant 1968 à convertir le général au pédagogisme.

Rédigé par : guy morel | le 09 mars 2011 à 12:19

Donc Guy Morel, incapable de répondre sur le fait qu’il n’ a jamais fait une seule remarque négative sur les positions de J. Narbonne, est obligé de créer une situation dans laquelle …  Guy Morel me fait dire .... ce qui l'arrange et qui est évidemment une grosse bêtise à ses yeux.  Il vaudrait mieux , pour paraitre pertinent, critiquer ce que j'écris au lieu de parler de ce qui " POURRAIT  donner donner naissance à une thèse" ... fausse, bien sûr.

Ceci dit , quittons le terrain des justifications à court terme de Guy Morel et reprenons ce que j'ai déjà dit dans le point IV de "Le général de Gaulle est le premier pédagogiste"

Pourquoi personne ne s'appuie sur les textes d'Alain Peyrefitte sur l'école ? La raison essentielle en est bien sûr que personne n'a intérêt à les exhiber puisqu'ils mettent en cause aussi bien la problématique des républicains que celles de leurs opposants. A cet égard , il est assez remarquable de relire l'interview de Jacques Narbonne, conseiller du général de Gaulle pour l'éducation, interview  intitulée De Gaulle et l'éducation : comment en sommes-nous arrivé là ? faite par Isabelle Voltaire et Claude Rochet en 2002 pour la revue Panoramiques. Dans cette interview parue deux ans après la publication du dernier du C'était de Gaulle d'Alain Peyrefitte qui met complètement en cause la version de Jacques Narbonne, les intervieweurs  ne posent aucune question gênante. Serait-ce parce qu'ils ne connaissent pas le texte d'Alain Peyrefitte, qu'ils le connaissent mais n'en parlent pas ou tout simplement que, comme ils ont envie de l'image d'un de Gaulle antipédagogiste, ils n'ont pas du tout l'idée d'aller chercher des positions de de Gaulle qui contredisent leur vision. Ils auraient au moins pu demander à  Jacques Narbonne pourquoi, dans son livre de 1994  De Gaulle et l'éducation : une rencontre manquée, il ne mentionne ni les vingt-sept points ni le conseil des ministres du 28 février 1968.


Comme Isabelle Voltaire intervient sur ce blog, elle pourra, si elle le désire, répondre à ces questions.

Cabanac, 13 mars 2011
Michel Delord

PS : Et je répéte donc ce que je disais plus haut, mais en le mettant à la forme affirmative :
Guy Morel, cet ennemi juré du républicanisme, doute explicitement de la fiabilité de la position d’Alain Peyrefitte mais ne doute pas - ou « oublie » de douter publiquement – de la fiabilité des positions de Jacques Narbonne reprise par sans critique notamment par Isabelle Voltaire. Il prétend donc combattre les produits dérivés du républicanisme en en protégeant le noyau historique.
MD
Guy Morel serait-il un opposant au républicanisme ... mais à condition que cela ne touche pas au consensus ? 

ANTIPEDO II quinquies
Contre Meirieu et Brighelli ? - 14 avril 2011

Toujours en retard je me permets de tenter de masquer ce retard avec un texte dont vous pourrez constater qu'il ne s'agit pas d'un bouche-trou, loin de là.
Puisque sur le fil "Ecole primaire : les motivations profondes des instits «désobéisseurs»", Thierry Cabrol nous dit : “Voyez-vous, M. Cédelle, il n’y pas forcément deux camps à opposer : ..., Brighelli versus Meirieu, etc…” et que Luc Cédelle y répond "Je ne vous le fais pas dire.", il n'est pas inutile de montrer qu'ils ont tout à fait raison, c'est-à-dire qu'il peut exister une pensée qui reconnait qu'il y a bien des positions communes entre Jean-Paul Brighelli et Philippe Meirieu.

Il s'agit de la version de Mai 2010 d'un texte écrit en 2008 intitulé "Sur une prétendue opposition entre pédagogistes et antipédagogistes :  Brighelli / Meirieu ou Meirieu / Brighelli" . En voci l'introduction par l'auteur :

Bien qu’elle ait encore quelque difficulté à convaincre massivement parents et professeurs, une ci-devant opposition « pédagogistes / « antipédagogiste » est en passe d’apparaître comme celle qui, de toute évidence a cassé le consensus scolaire. C’est ce que laissent accroire les meilleurs esprits. Par exemple, présentant l’œuvre de Philippe Meirieu, un philosophe évoque une «pensée pédagogique… […] dont  la variété […] porte la marque d’une puissante personnalité intellectuelle ». Récemment, une journaliste voyait dans le blog de Jean-Paul Brighelli, « l’un des plus fréquentés - et des plus pointus - sur les questions d’éducation »…
 Ici, à partir de la lecture comparative de deux ouvrages dont il est inutile de présenter les auteurs, La fabrique du crétin et L’école ou la guerre civile, nous montrons que ces éloges sont très exagérés. Si ces deux néologismes semblent délimiter deux camps, il serait excessif d’affirmer qu’ils circonscrivent deux champs. Non seulement ces deux ouvrages sont parfaitement identiques -mêmes descriptions, mêmes analyses, mêmes références culturelles, mêmes conclusions…-, mais ils ne contiennent aucune pensée sur l’école ; ils sont de part en part, acritiques. Si bien qu’il devient même difficile de les référer à une idéologie.
Se rejoignant sur ce point, l’inconsistance et l’incohérence de leur pensée, leurs ouvrages respectifs consacrent la mort du professeur en tant que transmetteur de la culture. C’était la condition de leur succès médiatique. 
A leur tour ces affirmations sont-elles exagérées ? Le lecteur jugera. Deux exemples entre cent.
Dans La fabrique du crétin, on rencontre d’étonnantes thèses de facture psychologique comme la suivante : « L’élève n’est une personne que dans la mesure où il est élève. » Puis, « Si le bébé n’est pas une personne, il n’est pas un individu -ni l’enfant, ni l’adolescent.» (page 167) Enfin, « Un élève appartient, en classe, à une communauté d’élèves. A peine s’il est un individu, même s’il reste une personne. » (page 32) N’est-ce pas « déblatérer sur ce que l’on ne connaît que par ouï-dire » ? écrit l’auteur. (page 43)
Dans L’école ou la guerre civile, on rencontre tout autant de perles comme celles-ci : « Il faut respecter cette Loi qui, elle, n’est pas discutable. » (page 144), [donc on en] « discute le contenu en classe de façon permanente. » (page 84) Et c’est le même auteur qui affirme : « Aujourd’hui, tout est mélangé et personne ne s’y retrouve : que les choses soient clarifiées une bonne fois pour toutes… » (page 164)

Alors ? Deux penseurs de l’école ou personnages de Tintin et Milou ?
Un tel charabia encensé par les médias ne fait-il pas honte à toute la profession ?

Suite ICI du texte de Gilbert Molinier.

Bonne lecture
MD