Esprits de chapelle
 
A) Sur la liste Freinet : Michel Barrios et Charles -Ange Laisant ...
I) Une lettre d'Henri Portier
II) Michel Barrios et Charles-Ange Laisant
B) Du coté des antipédagogistes : J.-P. Brighelli et Pythagore...

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A) Sur la liste Freinet : Michel Barrios et Charles-Ange Laisant...
 

En 2006, j'ai été exclu de la liste freinet@cru.fr, liste de discussion  dépendant du mouvement Freinet,  notamment à la suite d'un très fort différent avec Michel Barrios, membre influent de l'ICEM : vous trouverez ICI le début de ce débat sur listecolfr, débat qui avait ensuite été repris sur les mêmes bases sur la liste Freinet. Dés que j'ai un instant de libre, je publie l'ensemble des échanges sur ces deux listes, débat intéressant puisque l'on y retrouve de multiples attitudes sectaires et anti-intellectuelles qui sont d'ailleurs communes aux mouvements pédagogistes et anti-pédagogistes.

Vous trouverez ICI la lettre que m'avait envoyé à cette époque Henri Portier, que je ne connaissais pas  - si ce n'est de réputation au moins comme "boxeur" , voir infra - et qui était intervenu au CA de l'ICEM pour s'opposer à mon exclusion.
Henri Portier, membre de l'U.A.S. Union des Anarcho-Syndicalistesétait un des très proches de Celestin Freinet et ce dernier est mort quasiment dans ses bras. Ancien commando marine, il était aussi connu pour n'avoir pas seulement contesté littérairement Jean-Marie Le Pen mais pour l'avoir aussi contesté... à  main nue.

Décédé début 2007, je n'ai jamais - à mon grand regret - rencontré  Henri Portier et nous n'avons communiqué - très chaleureusement - que par mail et téléphone.
J'ai bien sûr discuté avec lui de nombre des affirmations présentes dans cette lettre, y compris celles que je ne partageais pas.
 
Biographie d'Henri Portier : http://antoine.michelot.free.fr/spip.php?article303
De Henri Portier, lire notamment :
Cinématographe et mouvement Freinet 1927 - 1940
et surtout
- Freinet et le P.C. , avec illustrations, Partie 1 , Partie 2
- Danger ! trotskistes !, Le monde libertaire n°1312 (20-26 mars 2003)
02/02/2011
Michel Delord


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I) Lettre d'Henri Portier du 8 juillet 2006

X-ME-UUID: 20060708185454610.0EE451C0009B@mwinf1208.orange.fr
To: Michel Delord
From: Henri Portier
Subject: Texte
Date: Sat, 8 Jul 2006 20:52:52 +0200
X-Mailer: Apple Mail (2.752.2)

Voilà jeune homme, confidentiellement, le texte que j'avais envoyé  au CA de l'ICEM.
Qui bloqua, momentanément ... ton exclusion de la liste "freinet" :

Henri PORTIER

Bonnes vacances !
"Si la nation a voulu que tous les établissements soient  exclusivement laïques,
c'est que légalement et officiellement le pays n'a ni dieu ni maître". (Ferdinand BUISSON)


Texte joint :

AMALGAME… AMALGAMES !

Mettre dans un même sac les Le Bris, Boutonnet, Brighelli, et Delord est on ne peut plus stupide.
Si Le Bris et Boutonnet sont carrément proches du pouvoir UMP, Brighelli ne l’est certainement pas.
Que Brighelli souhaite un retour de l’enseignement à des objectifs pédagogiques, certes rétro mais ambitieux culturellement, c’est son problème… et je n’approuve pas sa stigmatisation haineuse des pédagogismes, ni son attitude et ses propos méprisants et réactionnaires. ( Perso : je vomis aussi un Philippe Meirieu ).

Leur critique et constat porte sur un système d’enseignement qui n’apporte pas que des réussites, loin s’en faut ! Sinon cela se saurait, non ?
Il serait malhonnête de notre part de jouer les candides et d’affirmer qu’aujourd’hui tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes… de l’école.
C’est dans les remèdes, ou propositions à apporter au système, que nous divergeons très profondément.

Delord, sur lequel se concentrent des critiques d’Icémiens, parce qu’inscrit sur la liste « ouverte » Freinet, est tout ce que l’on voudra… sauf un suppôt de la Droite, voire de l’extrême-droite. (*1), ni un nervi de Le Bris et Brighelli. Un iconoclaste certainement. (c’est plutôt sympathique).
Un emmerdeur, sûrement ! (d’où ses problèmes avec sa hiérarchie – Proviseur, IPR…)
Il n’est pas arriviste… Et son élection en 2002 à la Société Mathématique de France (dont le fondateur et premier président fut le grand mathématicien Charles Ange Laisant (*2)) n’est pas due à ses titres (ni Normalien, ni Agrégé, encore moins Docteur « light ») mais à ses écrits de chercheur, reconnus par la communauté scientifique internationale.
Qu’il ait l’ambition d’être l’hypothétique directeur d’un Musée des Maths, c’est Michel Barrios qui me (nous) l’a appris… Sans doute se connaissent-ils ? Je n’en sais pas plus…
Qu’il ait des arguments et engagements contestables à notre sens, c’est évident. (GRIP…)

Mais de là à vouloir l’éradiquer de la liste Freinet (comme le propose le Lucky Trollott) c’est une attitude  de fermeture d’esprit qui est en contradiction avec nos valeurs… Et pourquoi pas non plus vis à vis de Philippe Lombard ? … alors que nous nous farcissons un Roger Auffrand, autrement méprisant et injurieux !

Sylvain Grandserre a eu le courage de monter aux créneaux face à l’offensive des réacs amplement relayée par les médias, à travers leurs bouquins devenus des best-sellers.
Il s’est impliqué fortement dans des forums contrôlés par ces « sauveurs de l’école ». Sans doute s’y est-il aussi brûlé les ailes, car il a servi de « repoussoir pédagogo » et d’alibi à ces derniers, leur faisant ainsi indirectement une pub pour leurs thèses.
C’est là tout le problème d’une stratégie à définir. En effet il me semble inopérant d’aller combattre les adversaires sur leur propre terrain. Il ne me viendrait pas à l’idée d’aller sur les forums de Sarko, de Le Pen, de De Villiers, ou bien même de Ségolène, Besancenot, les Verts ( ?)… pour tenter de les convaincre qu’ils sont dans l’erreur !
                                    Le 9/06/06            Henri PORTIER

(*1)- Lire l’article critique du « programme du F. Haine en matière d’enseignement » qu’il a écrit avec Gilbert Molinier. (Ce dernier, prof de Philo, avait eu maille à partir avec son proviseur, au Lycée A.Blanqui de St-Ouen, car il avait dénoncé, au nom de la Laïcité, le concours des "Masters de l'économie" patronné par une banque privée ! Auteur de "la gestion des stocks lycéens" en 1999 ).
Il avait été soutenu par les syndicats, Attac, anars...)
- Sur le site : http://michel.delord.free.fr/

(*2) – Charles Laisant, natif de Nantes, y a une rue portant son nom.
(rue dans laquelle vécut un certain Daniel Le Blay).
Cet anarchiste (sur le tard) était l’ami du grand géographe Élisée Reclus, de Ferdinand Buisson, de Paul Robin, de Francisco Ferrer, de Sébastien Faure… Excusez du peu ! Et toutes ces personnes eurent une influence PRIMORDIALE dans la genèse du Mouvement Freinet (né au sein du syndicalisme révolutionnaire enseignant de « l’École émancipée »).
L’apport de Laisant dans l’approche en mathématiques de Freinet et des pionniers est indéniable (avec le relais de Jacques Camescasse, et de son « initiateur mathématique »).

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Du point de vue mathématique  que n'aborde pas  Henri Portier, rajoutons que C.-A. Laisant, s'il n'est pas comme le dit H.P. le premier président de la Société Mathématique de France ,en a été effectivement président en 1888 ;et  lorsqu'il s'est agi de créer en 1899  L'Enseignement mathématique, première  revue mathématique internationale qui existe d'ailleurs toujours, C.-A. Laisant a été responsable du secrétariat (avec Henry Fehr).

D'un point de vue pédagogique, C.-A. Laisant est - voir infra - non pas *un* mais  L'inspirateur de toute la pédagogie progressiste des mathématiques  de l'époque en commençant par Francisco Ferrer et en continuant pas Freinet (avec le fait que Freinet n'avait pas vraiment d'aptitudes mathématiques).

Et le rôle de C.A Laisant est encore plus fondamental comme fondateur politique d'une vision non mercantile et non-étatique de l'enseignement. Parmi les textes politiques de Charles-Ange Laisant, il faut absolument mentionner  son ouvrage de 1908 "L'éducation de demain", texte aussi visionnaire que critique - l'un étant indissociable de l'autre - texte auprès duquel les textes aussi bien des désobéisseursque de  Jean-Claude Michéa passent pour de gentilles bluettes. Par exemple Jean-Claude Michéa parle de l'enseignement de l'ignorance en 2002  et tout le monde républicain le présente comme une nouveauté tandis que le mouvement Freinet s'insurge contre l'idée que le niveau baisse   ...  mais Charles-Ange Laisant "mettait tout le monde d'accord"  dès le début du XXème siècle
a) en citant positivement Gaston  Téry en 1903
 «Il est impossible de comprendre notre système d'éducation si l'on ne commence par se bien pénétrer de ce principe que l'Université se propose simplement d'enseigner l'ignorance (...) Oui, faire des ignorants, voilà notre idéal pédagogique (...) Notre lycée est une solide boîte en briques, où nos élèves sont si parfaitement retranchés du monde que s'ils vivaient dans un souterrain. Pauvres fils ! On les habitue si bien à ne rien voir qu'ils finissent par devenir aveugles, comme les poissons des mers profondes.» (L'éducation de demain)
b) en démontant le discours dominant qui affirmait : « Ce que l'on s'est proposé en augmentant l'importance des sciences dans l'enseignement secondaire, c'est de leur attribuer la large part qui doit leur revenir dans la formation des esprits. Jusqu'ici, ce rôle était dévolu aux lettres, tandis que les sciences étaient surtout des matières d'examen, dénuées de tout caractère éducateur. » ,  ce à quoi Laisant répondait :
«  Traduisez : jusqu'ici, notre enseignement secondaire a eu pour mission d'abrutir la jeunesse, tandis que dans l'avenir, il en sera de même.» (L'Initiation Mathématique, conclusion)
 




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II) Michel Barrios et Charles-Ange Laisant


Très brièvement :  j'ai publié en juin 2004 sur Internet la première partie de la neuvième édition - 1910 - de l'Initiation  mathématique remarquable manuel de Charles-Ange Laisant destiné aux  élèves et parents d'élèves du primaire et qui,  par une remarquable utilisation de la méthode intuitive chère à Ferdinand Buisson, arrive à amener les élèves de fin de CM  à un niveau assez exceptionnel et jamais atteint depuis .
J'en fais l'annonce sur listecolfr, à cette époque là principale liste de discussion des enseignants du primaire. Et,  Michel Barrios ,  militant Freinet  qui, manifestement  ne connait pas C-A Laisant puisqu'il va le traiter en autres de mandarin - !!! - répond ainsi en se croyant très malin :

From: "Michel Barrios" < michel.barrios@wanadoo.fr>
To: < listecolfr@cru.fr>
Subject: Re: [listecolfr] Claude Laisant : Initiation mathématique
Date: Thu, 24 Jun 2004 04:41:42 +0200

Mais pourquoi donc Michel Delord, spécialiste diplômé (sinon avéré) en mathématiques, n'a-t-il pas dit d'emblée le fond de son projet ? Projet qui par ailleurs peut être intéressant, puisqu'il s'agit de mettre en place un "Musée des Mathématiques". Intéressant pour l' Histoire, pour l'évolution humaine, pour l'anthropologie, et même pour l'ethnologie.
Alors donc, pourquoi n'a-t-il pas dit tout de suite qu'il voulait monter le "Musée des maths"?
Il doit être timide, et la fonction de directeur du Musée des Mathématiques l'a peut-être effrayé dans un premier temps. Mais quand il balance sur listecolfr le contenu d'un bouquin de maths de CP édité en 1945 [C'est encore beaucoup plus vieux, MD], on se pose des questions. Et on ne s'en pose plus quand il double avec les écrits d'un mandarin de 1910 : c'est sûr, Michel Delord réunit des documents d'époque pour alimenter son futur "Musée des Mathématiques". Il est à ce jour le mieux placé pour en être le directeur.

Et pour nous allécher sur la valeur historique des documents présentés par son futur musée, il nous donne à lire l'un d'eux, "Initiation Mathématique", C.-A Laisant, Editions Hachette, 1910.

Je ne résiste pas au plaisir de citer l'un des passages les plus anodins de l'ouvrage;
" On devra lui mettra entre les mains (de l'enfant) une ardoise ou une feuille de papier quadrillé, placer entre ses petits doigts un crayon d'abord, une plume lorsqu'il sera devenu plus habile, et lui faire tracer simplement des bâtons au début; non pas des bâtons inclinés classiques préparatoires à l'écriture penchée, mais de petites lignes suivant la direction du tracé du quadrillage, et bien régulièrement espacées.
Ces lignes étant dirigées de haut en bas d'abord, puis au bout de quelque temps de gauche à droite, l'élève formera ainsi des "bâtons verticaux" et des "bâtons horizontaux".(fin de citation)
Ainsi, le mathématicien Laisant, en 1910, a dit que de haut en bas, c'est vertical, et de gauche à droite, c'est horizontal.
Suivent 33 pages du même acabit...
Monsieur Delord, vous vous foutez de qui ?
De vos collègues mathématiciens, qui ne sont pas de votre croisade " Sauvez les maths", agrippée à la veste de "Sauvez les Lettres"?
Ou bien vous vous foutez de la gueule des enseignants moins diplômés, ceux qu' on appelle des instits ou des PE, et qui font quotidiennement des maths avec ce qu'ils ont, avec ce qu'ils peuvent, avec leurs recherches et leur tâtonnement, qui n'est figé ni par des diplômes, ni par des dogmes intangibles qui deviennent ringards et se défendent par la morgue.
Ou bien c'est des enfants dont vous vous foutez.
Vous voulez leur appliquer des règles quasi centenaires, parce qu'à cette époque-là, le professeur était le dieu du savoir. Enseignement quasi religieux, le transmetteur sait, depuis son estrade, les fidèles/disciples/enseignés reçoivent l'enseignement du maître.
Ou bien alors c'est des parents dont vous vous foutez.
 Ils ne comprennent rien à rien, les pauvres, ils ne sont vraiment pas mathématiciens...
Ou bien c'est de tout le monde dont vous vous foutez, Monsieur Delord.
Et là, ce n'est plus de l'ambition d'un futur directeur de "Musée des Maths".
C'est l'ambition de quelq'un qui pète plus haut que ses propres maths.
 
Michel Barrios

Je publierai la suite du débat paru sur cette liste et sur freinet.fr car il est fort instructif  sur plusieurs points. Voici donc comment Michel Barrios  traite C.-A. Laisant. Et sa position n'est pas seulement le produit d'un déficit de connaissance historique de ceux qui ont été les prédécesseurs et les formateurs de Freinet - ce qui est déjà embêtant pour qui se réclame justement de Celestin Freinet- car c'est surtout un désaveu du contenu du livre de Laisant et par là-même de Freinet.

Lorsque M. Barrios écrit :

Je ne résiste pas au plaisir de citer l'un des passages les plus anodins de l'ouvrage;
" On devra lui mettra entre les mains (de l'enfant) une ardoise ou une feuille de papier quadrillé, placer entre ses petits doigts un crayon d'abord, une plume lorsqu'il sera devenu plus habile, et lui faire tracer simplement des bâtons au début; non pas des bâtons inclinés classiques préparatoires à l'écriture penchée, mais de petites lignes suivant la direction du tracé du quadrillage, et bien régulièrement espacées. Ces lignes étant dirigées de haut en bas d'abord, puis au bout de quelque temps de gauche à droite, l'élève formera ainsi des "bâtons verticaux" et des "bâtons horizontaux".(fin de citation)
Ainsi, le mathématicien Laisant, en 1910, a dit que de haut en bas, c'est vertical, et de gauche à droite, c'est horizontal.
Suivent 33 pages du même acabit...

il montre par la citation qu'il fait qu'il est en désaccord avec la base même de tout ce qui est la conception du début de l'enseignement des pédagogues progressistes de l'avant guerre 14, l'enseignement simultané de l'écriture, de la lecture, de la numération et du calcul, cette simultanéité étant justement rendue possible par l'enseignement des formes de base du dessin [Cf. le Manuel de pédagogie de Gabriel Compayré ] . Et lorsqu'il ajoute "Suivent 33 pages du même acabit...", c'est bien toute la conception de l'enseignement des mathématiques des pédagogues progressistes et même révolutionnaires qui est attaquée.

Et pour montrer l'idiotie profonde de ces remarques de Michel Barrios, il suffit d'observer entre autres le chapitre 29 - La somme des cubes - dans lequel  Laisant  démontre avec des méthodes élémentaires accessibles à un élève de CM2 - qui aurait suivi la progression qu'il recommande -  que 13 + 23 + 33 + 43+ ... + n3 = (1 + 2 + 3 + 4 +... n) 2 , ce qui n'est pas fait en collège actuellement. Ou encore sa fameuse "table de multiplication sans chiffres" - reproduite page 36 de ma réédition- , complètement oubliée, qui permet aussi d'arriver au même résultat.

Mais le plus grave n'est pas l'attitude de Michel Barrios mais celle  des autres membres des listes de discussion  listcolfr  et  Freinet - par exemple Veronique Decker et Sylvain Grandserre -  qui  n'ont fait aucune remarque négative sur ses positions.

Deux explications de cette attitude collective  sont possibles, qui ne sont pas exclusives l'une de l'autre :

  - le fait que ces colistiers partagent les opinions de Michel Barrios. Ceci est tout à fait probable puisque les thèses pédagogiques et les contenus défendus par C.-A. Laisant dans l'Initiation mathématique ont été niée à l'époque des maths modernes, mouvement auquel le mouvement Freinet a participé et dont il n'a fait ensuite et jusqu'à maintenant aucune critique sérieuse [0]. On peut même faire remarquer qu'en 74, alors que ceux qui avaient lancè les maths modernes ont compris en partie les dégats qu'ls ont causé, (le mathématicien Jean Dieudonné, qui a été un des principaux mentors de la réforme y affirme  que les mathématiciens sont  "véritablement atterrés lorsqu'ils voient que l'ancienne scolastique, qu'ils avaient acceptée comme un fait inéluctable et qu'ils avaient appris à tolérer, était remplacée par une forme encore plus agressive et stupide placée sous la bannière du modernisme".), le mouvement Freinet continue, quatre ans plus tard, dans L'Educateur, Numéro Spécial, Novembre 1978, comme si de rien n'était.

- on a un "effet de secte" dans laquelle même si un membre de la secte - ici Michel Barrios - dit la plus grosse des imbécillités  en s'opposant à un "ennemi" - ici moi - , on ne fera aucune critique au membre de la secte et l'on fera tout pour s'opposer "à l'ennemi".  Dans mon cas cela s'est finalement traduit par une exclusion.

[Note 0] : A ma connaissance,  c'est principalement Paul Le Bohec qui, au sein du mouvement Freinet,  avait fait des critiques aux mathématiques modernes. J'en avais parlé assez longuement avec lui lorsqu'il était venu à  Rennes  pour discuter avec moi à l'occasion  d'une réunion de le Libre-pensée
en 2004. J'essaierai de retrouver les notes que j'avais prises à cette occasion pour les publier.

PS : Si une conséquence de ce texte était que le mouvement Freinet désavoue d'une manière ou d'une autre les positions de  Charles-Ange Laisant ,  cela aurait l'avantage  de rendre explicite ce qui n'est qu'implicite.

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B) Du coté des antipédagogistes : J.-P. Brighelli et Pythagore...


Il n'est pas inutile de revenir sur les attitudes sectaires dont je signalais, en introduction , qu'elles étaient aussi courantes chez les pédagogistes.
Et je voudrais justement, parce que je ne suis pas sectaire, traiter un exemple de cette attitude chez les antipédagogistes puisqu'il vaut mieux faire d'abord le ménage dans son propre camp. Au contraire la secte a tendance à parler de la paille dans l'œil des non-membres et à ignorer la poutre qu'elle a dans le sien.

Le 13 février 2011 Jean-Paul Brighelli  déclare sur le fil Sophie Coignard Le pacte immoral du blog Bonnet d'âne

Pourquoi les élèves ne comprendraient pas la langue ? demande ingénument (?) Emma…

Bon, je devrais faire un cours… Je n'ai pas le temps, j'ai un carré de porc en croûte d'herbes au miel sur le feu…

Mais en gros :

##parce qu'il en est de la grammaire comme des maths : expliquer le pourquoi d'une règle ou d'un théorème est très difficile. C'est d'un bon niveau universitaire, au moins.

Alors autant apprendre par cœur que le carré de l'hypoténuse etc., ou que le subjonctif après "après que" est une faute… Parce que la démonstration peut attendre, et que l'expression du réel ou de l'irréel, hein…##

##D'ailleurs, je ne demande pas aux instits d'être absolument calés dans toutes les matières qu'ils doivent enseigner. Ils sont des tuteurs (c'est le sens étymologique), pas Pic de la Mirandole.## *

JPB

Écrit par : brighelli | 13 février 2011

Je ne m'étendrai pas sur l'appréciation portée sur le niveau nécessaire de formation des instituteurs, appréciation profondément  démagogique au moment où ce niveau - et celui des professeurs pas seulement des écoles - n'est justement pas très élevé.
Bien que l'appréciation donnée sur l'enseignement du français soit exactement de la même eau, intéressons-nous d'abord à sa déclaration sur les mathématiques."Alors autant apprendre par cœur que le carré de l'hypoténuse etc. Parce que la démonstration peut attendre".
Puisqu'il s'agit du théorème de Pythagore, nous sommes au collège et JPB recommande donc de "l'apprendre par cœur"  et de ne pas en donner de  démonstration parce que "c'est d'un bon niveau universitaire".
En maths le mouvement "antipédagogiste" s'est construit, notamment à l'époque de Sauver les maths  sur une base assez sûre qui était la défense de la nécessité des démonstrations notamment contre le courant de  "réaction activiste" selon la terminologie employée par R. Bkouche  qui,  dès la fin de la réforme des maths modernes, en diminuait l'importance.   Mais même le pire des scientifiques de l'éducation ou des "pédagogistes" didacticiens n'a jamais défendu, au pire moment de la "réaction activiste" une telle position [1].
La position de Jean-Paul Brighelli, supposé défenseur de l'instruction,  est donc d'un obscurantisme total[2] : mais , malgré mes remarques sur le sujet [Notamment dans ANTIPEDAGO et directement sur Bonnet d'âne], aucun antipédagogiste présent sur le blog - et en particulier aucun membre du GRIP [3] - n'a fait  quelque remarque ce soit sur les positions de JP Brighelli alors que l'on guette, bien sûr, le moindre faux pas de Philippe Meirieu ( qui en a d'ailleurs sorti aussi d'excellentes en mathématiques, sur lesquelles je reviendrai).
Donc que ce soit chez les pédagos ou  les antipédagos, la secte a tous ses droits.

[Michel Delord, rajout du 25 juillet 2011]

[Note 1] Il est bien effectivement indispensable que les élèves sachent faire par eux-mêmes des démonstrations en collège ; mais pour qu'il en soit ainsi, il faut qu'on leur ait fait des démonstrations en primaire, ce qui est tout à fait possible. Ainsi, le débat n'est pas celui suggéré par J.-P. Brighelli - démonstration dans le secondaire ou seulement dans le supérieur - mais  celui qui porte sur la nécessite de faire des démonstrations en primaire. Retour

[Note 2] Le fait qu'il se croit autorisé à parler de mathématiques alors qu'il n'y connait rien ne lui est pas personnel. Mais ce qui est le plus intéressant - et sur lequel je reviendrai car J.-P. Brighelli n'est pas une exception - est qu'il s'agit d'un ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, ce qui prouve donc que l'on peut donc rentrer à Normal'Sup et en sortir sans avoir une culture minimum de base. Mais que, apparemment, on y apprend, et ce n'est donc pas réservé à l'ENA, à y parler de ce que l'on ne connaît pas. Retour

[ Note 3] [ du 27 octobre 2012, MD] . J'en profite pur rajouter deux remarques sur le sectarisme, question vraiment fondamentale  :
1) Lors du débat que j'avais eu avec un autre membre du GRIP, Thierry Venot,  à propos des méthode de lecture, celui -ci trouvait positif de [garder son énergie et ses flèches pour ses véritables adversaires], ce à quoi j'avais fait remarquer, à juste titre je cois, au vu d u contexte et de la réponse faite ensuite : 
Thierry Venot : Je garde mon énergie et mes flèches pour mes véritables adversaires.
MD : Tu décris exactement un fonctionnement de secte . Même si le manifeste des instituteurs syndicalistes de 1905 avait des faiblesses, il disait que l’essentiel était la vérité. Mais là on apprend que l’essentiel n’est pas la vérité mais de « garder son énergie et ses flèches pour ses véritables adversaires.»

2) Lors d'un débat plus récent sur le sens du mot "unité" en mathématiques , débat dans lequel je critique la conception que défendent deux membres du GRIP, Catherine Huby et Pascal Dupré sur cette question,  Spinoza1670 fait remarquer :

Je n'aime pas la façon un peu trop osée dont il interprète les mots de Catherine Huby et Pascal Dupré, alors que lui et eux ont une position très proche dans le fond.

Et bien justement si j'ai des des positions très proches de celles de Catherine Huby et de Pascal Dupré, mon rôle,
si je souhaite contribuer au succès de leur projet, n'est-il-pas, d'abord et en premier lieu, d'en critiquer les éléments qui peuvent l'affaiblir ? Retour