Constante macabre :
La position des antipédagos sur SOS Education et l'enseignement de la lecture de 2006 à 2012
En 2006, SOS Education encourage les
parents d'élèves à faire pression sur les enseignants de CP
pour qu'ils choisissent des "méthodes de lecture syllabiques".
Ceci provoque diverses réactions publiques dont l'une signée signée par Sauver les lettres, Sauvez les maths et Reconstruire l'école et l'autre par le GRIP, protestations que vous trouverez toutes les deux dans les annexes I et II.
Et, au
moment où SOS Education refait une nouvelle offensive sur le même sujet (Voir infra), il n'est pas inutile d'observer plus concrètement comment ont été prises les décisions en 2006 chez les antipédagogistes.
Marc le Bris et moi-même avions fondé la liste SPRIM, Sauver le PRIMaire, en 2004, liste
ouverte au sens où elle accueillait toute personne intéressée par
l'enseignement en primaire à une époque où seul l'enseignement secondaire se présentait sous forme organisée (
Sauver les lettres, Sauver les maths) dans le camp antipédago.
Pratiquement tous les "grands noms de l'antipédagogisme" en ont été
membres et par exemple J.-P. Brighelli en faisait partie au
moment où le cas de SOS-Education y avait été évoqué.
Pedro Cordoba, alors président de Reconstruire l'école, intervient le 20 octobre 2006 sur laliste SPRIM, présente la situation et donne les grandes lignes d'un communiqué dont il souhaite la publication.
From: Pedro Cordoba
Date: Fri, 20 Oct 2006 08:35:38 +0200
Subject: [SPRIM] Réagirà la campagne de SOSeducation.
SOS Education est en train de réussir sa grande percée médiatique : F2,
Les Echos, hier après-midi France-Culture et ce matin le Figaro. Pour
l'opinion, pour les parents, cette sombre officine devient peu à peu le
fer de lance de la contestation antipédagogiste. Alors qu'ils n'ont
strictement rien à dire sur l'école et se contentent de piquer ça et là
sur nos sites des infos et des analyses qu'ils comprennent plus ou
moins bien, tout ce que nous avons fait depuis des années et la
pétition « refondation » elle-même passent à la trappe : il n'y en a
plus que pour SOS Education. Il est grand temps d'essayer de
contrecarrer cette offensive. Je ne sais pas trop ce qu'il convient de
faire. Le minimum me semble être pour commencer la rédaction d'un
communiqué commun qui pourrait être soumis pour signature à SLL, SLM,
GRIP et RE. Il pourrait être articulé autour de deux idées-force :
1.. La distinction entre programmes et méthodes. Nous sommes
partisans d'une refonte totale des programmes dans toutes les
disciplines bien au-delà des querelles sur la lecture au CP
(enseignement de la grammaire et disparition des séquences en français,
restauration d'un vrai programme de mathématiques en collège et lycée,
etc.). Mais nous sommes aussi des défenseurs convaincus de la liberté
pédagogique des professeurs. Nous demandons en particulier que les
stagiaires d'IUFM reçoivent une information neutre, objective et
complète sur les différentes méthodes de lecture ainsi que sur
l'enseignement explicite et direct vs la « mise en activité des
apprenants », étant entendu (mais ce n'est pas la peine de le dire) que
des programmes cohérents et exigeants empêchent la perte de temps
considérable qu'entraînent les pédagogies innovantes. C'est ensuite à
chaque professeur d'élaborer librement sa propre méthode en s'appuyant
sur ses connaissances, son expérience et la réalité de ses classes. Et
ce n'est pas au Ministère de dicter sa loi en matière de pédagogie. Ni,
bien entendu, à l'Inspection.
2.. Une dénonciation vigoureuse et sans concessions de
SOS-Education, de ses méthodes de « recrutement », de ses liens avec
différents groupuscules de l'extrême droite ultra-libérale, de ses
appels à la délation, de ses campagnes de lobbying, chantage,
intimidation et pressions diverses sur les pouvoirs publics, les élus,
les média, les éditeurs et les familles. En augmentant le désarroi de
nombreux professeurs et en manipulant les parents par des «
informations » incomplètes ou mensongères pour les dresser contre les
profs, tout cela contribue à détruire l'école publique dans le but, à
peine dissimulé, de promouvoir l'enseignement privé et le «
chèque-éducation ».
Qu'en pensez-vous ?
Pedro Cordoba
Ensuite Pedro Cordoba propose un projet de communiqué de presse qui,
pour des
raisons diverses , ne sera pas accepté par le GRIP qui rédigera son
propre communiqué, SLL et Reconstruire l'école
produisant le leur.
Mais les deux communiqués auront
un point en commun : ils ne critiquent pas
les théses de SOS-Education sur l'apprentissage de la lecture. C'est
pour contrer cette tendance - mais ce sera donc sans succès y compris
au sein du GRIP - que je réponds :
Date: Fri, 20 Oct 2006 17:32:24 +0200
Subject: Re: [SPRIM] Réagirà la campagne de SOSeducation.
From: Michel Delord
Le 08:35 20/10/2006,Pedro Cordoba écrit:
SOS Education est en train de réussir
sa grande percée médiatique : F2, Les Echos, hier après-midi
France-Culture et ce matin le Figaro. Pour l'opinion, pour les parents,
cette sombre officine devient peu à peu le fer de lance de la
contestation antipédagogiste.
Moi je laisse le fer de
lance de la contestation anti pedagogiste à ceux qui veuelent être
antipedagogistee comme je l'ai déjà dit plusieurs fois . Puisque
maintenant, avec la 3eme voie , on a des antipedagogistes autoproclamés
qui ne remettent pas en cause les programmes et qui sont pour des
méthodes efficaces en dehors de tout référence aux programmes . Ca,
c'est de l'antipedagogisme "de méthode", cad du pédagogisme si ce mot a
un sens.
Alors
qu'ils n'ont strictement rien à dire sur l'école et se contentent de
piquer ça et là sur nos sites des infos et des analyses qu'ils
comprennent plus ou moins bien, tout ce que nous avons fait depuis des
années et la pétition « refondation » elle-même passent à la trappe :
il n'y en a plus que pour SOS Education. Il est grand temps d'essayer
de contrecarrer cette offensive. Je ne sais pas trop ce qu'il convient
de faire. Le minimum me semble être pour commencer la rédaction d'un
communiqué commun qui pourrait être soumis pour signature à SLL, SLM,
GRIP et RE. Il pourrait être articulé autour de deux idées-force :
Je trouve ces deux
idées-force [infra] ..... pas très fortes mais secondaires car la
meilleure manière de combattre SOS Education qui parle de la lecture -
ne l'oublions pas - est au minimum .... de ne pas dire la même
chose que SOS Education .... sur la lecture.
Simple, non ?
Tant que SLL, RE, etc
barboteront dans la problématique globale / syllabique qui est aussi
celle de SOS Education parce qu'elle est populiste , cad qu'elle touche
le plus grand nombre, ce qui permet de ramasser le maximum d'argent ,
il faudra effectivement trouver des astuces artificielles pour dire que
l'on n'est pas pareil alors qu'on dit la même chose.
Par exemple SLL écrit dans un texte qu'il présente régulièrement comme un texte permettant de se "démarquer à gauche"intitulé "Ni Robien ni Meirieu " :
"S'opposer
aux mesures Robien, ce n'est pas cautionner les méthodes de lecture
dérivées de la globale, qui ont fait la preuve de leur nocivité. "
Et bien , désolé , mais écrire
"cautionner les méthodes de lecture dérivées de la globale qui ont fait
la preuve de leur nocivité", ce qui revient à dire que les méthodes
ideovisuelles dérivent de "la globale"
- est de la
stricte désinformation ( voir le texte de C. Ouzilou ) car la méthode
globale est alphabétique ( qu'on ne me fasse pas dire autre chose
que ce que j'ai dit)
- permet justement de dissimuler l'importance du clan ideovisuel ce qui
est bien ce que souhaitent à la fois le ministre (qui ne peut avouer
que l'appareil est rempli d'ideovisuellistes [c'est ça le danger dont
le nom ne doit pas apparaître puisque , selon
la légende actuelle officielle, les programmes de 2002 sont débarrassés
de l'ideovisuelle] : dire qu'il est rempli de "partisans de la globale
qui n'a jamais existé" est certes plus facile) et les pedagogistes pour
les mêmes raisons.
- ne s'oppose ni a de Robien ni a Meirieu mais est au contraire
exactement la formulation de la problématique du consensus qui ne
permet le débat que dans les limites de l'opposition globale /
syllabique, soutien à la la fois à la politique de de Robien et à celle
de Meirieu.
Michel
PS : on peut même montrer
comment les historiographes ideovisuellistes des méthodes de
lecture des 30 dernières années déforment les
caractéristiques des méthodes de lecture non strictement synthétiques
pour en faire des précurseurs des méthodes ideovisuelles . Et une
partie des "partisans de la syllabique" s"appuient bien sûr sur ces
analyses ... pour identifier globale et ideovisuelle , ce qui est
bien le signe de la victoire des ideovisuellistes.
1..
La distinction entre programmes et méthodes. Nous sommes partisans
d'une refonte totale des programmes dans toutes les disciplines bien
au-delà des querelles sur la lecture au CP (enseignement de la
grammaire et disparition des séquences en français, restauration d'un
vrai programme de mathématiques en collège et lycée, etc.). Mais nous
sommes aussi des défenseurs convaincus de la liberté pédagogique des
professeurs. Nous demandons en particulier que les stagiaires d'IUFM
reçoivent une information neutre, objective et complète sur les
différentes méthodes de lecture ainsi que sur l'enseignement explicite
et direct vs la « mise en activité des apprenants », étant entendu
(mais ce n'est pas la peine de le dire) que des programmes cohérents et
exigeants empêchent la perte de temps considérable qu'entraînent les
pédagogies innovantes. C'est ensuite à chaque professeur d'élaborer
librement sa propre méthode en s'appuyant sur ses connaissances, son
expérience et la réalité de ses classes. Et ce n'est pas au Ministère
de dicter sa loi en matière de pédagogie. Ni, bien entendu, à
l'Inspection.
2.. Une dénonciation vigoureuse
et sans concessions de SOS-Education, de ses méthodes de « recrutement
», de ses liens avec différents groupuscules de l'extrême droite
ultra-libérale, de ses appels à la délation, de ses campagnes de
lobbying, chantage, intimidation et pressions diverses sur les pouvoirs
publics, les élus, les média, les éditeurs et les familles.
Ce qu'il faut dénoncer chez SOS Education , ce sont leurs "méthodes " mais pas leur position sur la lecture ?
En augmentant le
désarroi de nombreux professeurs et en manipulant les parents par des «
informations » incomplètes ou mensongères pour les dresser contre les
profs, tout cela contribue à détruire l'école publique dans le but, à
peine dissimulé, de promouvoir l'enseignement privé et le «
chèque-éducation ».
Qu'en pensez-vous ?
Pedro Cordoba
Ce à quoi Pedro Cordoba répond : :
From: "Pedro Cordoba"
Date: Fri, 20 Oct 2006 18:30:33 +0200
Subject: Re: [SPRIM] Réagirà la campagne de SOSeducation.
----- Original Message ----- From: "Michel Delord" :
Je trouve ces deux idées-force ..... pas très fortes mais
secondaires car la meilleure manière de combattre SOS Education qui
parle de la lecture - ne l'oublions pas - est au minimum .... de
ne pas dire la même chose que SOS Education .... sur la lecture.
Simple, non ?
Cher Michel,
Tu as peut-être raison sur la lecture, le pédagogisme et le reste. Mais
la question n'est pas là. Il s'agit de réagir à une offensive de SOS
Education visant à monopoliser l'espace médiatique. C'est à contrer
cette stratégie que visent mes deux "idées-force". Cela ne t'empêche
pas de dire "autre chose que SOS-Education sur la lecture". Je
reconnais que j'ai lu très vite mais je n'ai pratiquement rien compris
à tes propos sur "la méthode globale qui est alphabétique". Imagine ce
que cela peut donner dans la tête d'un journaliste ou d'un parent
d'élève. Ce communiqué a un but très simple et limité : faire savoir
aux journalistes et, par leur intermédiaire, à l'opinion que les
signataires ne tolèrent aucun amalgame entre leurs positions (dont la
tienne sur la lecture) et les différentes magouilles de SOS Education.
On ne peut pas tout dire en une page et ceux qui veulent approfondir
les choses n'ont qu'à se reporter à nos différents sites.
Il est vrai que SOS Education parle en ce moment de la lecture. Mais
ils s'en foutent autant que des obscénités de Mouloud dans un manuel
qu'ils dénoncent. Tout cela n'est que prétexte pour apparaître comme
les seuls défenseurs d'un enseignement de qualité et pour utiliser
leurs "64 000 adhérents" comme argument de choc face aux médias et au
Ministère. [...]
D'accord avec les remarques des autres colistiers. [...] Merci à tous pour vos remarques
amitiés
pedro
Je reviens infra sur
l'argumentation de Pedro Cordoba car les arguments qu'uil avance à
l'époque se retrouvent presque inchangés ces dernières années.
Il faut cependant noter qu'apparait à ce moment un nouveau fil de discussion initié par Cécile Revéret et intitulé Frères ennemis,
fil dans lequel Cécile défend explicitement les positions de
SOS-Education
et pas seulement celles sur la lecture (cette position n'est pas
réduite à celle de Cécile Revéret mais est celle de tout un courant du
mouvement républicain). Voici le début de ce fil de discussion :
From: Cécile Revéret
Date: Sat, 21 Oct 2006 18:33:01 +0200
Subject: [SPRIM] Frères ennemis
Désolée, mais je vais mettre un peu d'huile sur le feu.
Je n'ai pas tout lu - je n'ai pas le temps - mais j'ai cru comprendre
que votre ennemi le plus dangereux, celui qu'il faut abattre, c'est
S.O.S. Education.
Sachez que l'acharnement que j'ai pu lire ici et là contre cette association ne fait pas l'unanimité.
Moi, je trouve tout simplement qu'ils ont réussi un coup formidable.
N'a-t-on pas considéré, ici même, que la balle était maintenant dans le
camp des parents ? Qu'on ne pouvait rien attendre des ministres,
( la preuve : les atermoiements de Robien ), des enseignants eux-mêmes
( la preuve : la résistance des instits ; au mieux, leur force
d'inertie ) ?
Là, les parents ont bougé; ils se sont manifestés en masse. C'est
exactement ce qu'on voulait. Vous appelez cela de la délation ? Vous
faites référence à l'Occupation ? C'est accorder bien du pouvoir à
cette association. Comme si ce "signalement" à SOS Education pouvait
avoir une quelconque incidence sur le sort des instits en question ! Il
s'agit juste de faire une enquête statistique : c'est déjà très
précieux. Et si en plus, cela pouvait faire pression, sur les instits
timorés ou paresseux, ce serait encore mieux. En tout cas, cela a
secoué les médias et c'est très bien.
Que SOS Éducation soit "positionné" à droite, c'est certain. Que cela vous gêne, je le conçois.
Mais cela n'apparaît nulle part dans leur communication.
Quant aux sinistres accointances auxquelles il est fait allusion ( je
n'ai pas tout lu, je le répète ) , le Brésil ou je ne sais quoi, cela
me semble relever pas mal de la rumeur.
On peut très bien se démarquer d'eux sans leur faire des procès
d'intention comme j'ai pu en lire ici ( " Il est vrai que SOS Education
parle en ce moment de la lecture. Mais ils s'en foutent autant que des
obscénités de Mouloud dans un manuel qu'ils dénoncent." dixit par
exemple Pedro. C'est une grosse erreur : la lecture est leur
préoccupation depuis très longtemps. Dire qu'ils s'en foutent est une
affirmation bien osée).
Il y a de la place pour eux et pour nous.
Ils ont d'autres moyens que nous ( l'argent, assurément, qui leur
permet de toucher une quantité de gens) pour le même propos : une bonne
méthode de lecture et un enseignement de qualité.
Reconnaissons leur efficacité.
Cécile Revéret
Par la suite, comme on peut le voir à la lecture du communiqués définitifs du GRIP et de celui de Sauver les lettres, Reconstruire l'école, Sauver les maths, aucun des deux ne suivra l'orientation que je préconisais.
Mais Guy Morel écrit, le 21 mai 2010, sur Interro ecrite sur le fil L'ultra-vérité sur SOS-Education d'Interro écrite :
En
ce qui concerne directement SOS-Éducation, comme secrétaire du GRIP,
j’ai rédigé en 2006 avec Jean-Pierre Demailly, président du GRIP, un
communiqué AFP condamnant l’action de cette association et récusant sa
légitimité à intervenir dans la question scolaire,
C'est tout à fait vrai mais il n'y a aucune raison de s'en vanter : car c'est justifier une double faiblesse à
laquelle j'avais essayé de faire échapper le GRIP.
Il n'y a pas de raison de s'en vanter parce que la raison probable du
refus explicite , à l'interieur du GRIP et de SPRIM, de critiquer la
"défense de la syllabique" par SOS-Education venait du fait que ça
revenait à ce critiquer Marc le Bris et ses nombreux soutiens :
mais ne pas critiquer Marc le Bris, c'était laisser la bride sur le cou
à SOS-Education ...
Double faiblesse : la première est l'idée de "récuser sa légitimité [ de SOS-Education] à intervenir sur la question scolaire
". Tout d'abord parce que l'argumentation sur cette récusation de la
légitimité de SOS Education est pour le moins succincte puisqu'elle se
réduit dans le communiqué du GRIP à affirmer tout de go que SOS-Education est ... "une organisation sans
légitimité intellectuelle " (Cf. infra), autrement dit qu'elle est illégitime parce qu'elle n'est pas légitime...,
ce qui sert essentiellement à convaincre les convaincus et à permettre
à SOS Education de dire en privé que le GRIP n'a aucun argument pour
les "délégitimer". Ensuite parce que la notion de "légitimité
intellectuelle" est assez difficille à manier et risque de faire
boomerang surtout de la part de groupes comme le GRIP qui remettent en
cause une partie de la "légitimité universitaire".
Passons car la deuxième faiblesse est plus importante : ne pas axer
la critique sur la position de SOS-Education sur la lecture. Je n'ai
rien à changer à l'argumentation que j'ai donné il y a six ans
"Tant que SLL, RE, etc
barboteront dans la problématique globale / syllabique qui est aussi
celle de SOS Education parce qu'elle est populiste , cad qu'elle touche
le plus grand nombre, ce qui permet de ramasser le maximum d'argent ,
il faudra effectivement trouver des astuces artificielles pour dire que
l'on n'est pas pareil alors qu'on dit la même chose."
Imaginons le cadeau fait à SOS-Education.
Ils peuvent dire en toute tranquillité et avec de bonnes raisons : vous
voyez bien que tous ces gens-là qui se prétendent ouverts sont des
sectaires puisqu'ils refusent de soutenir notre action alors qu'ils ont rien
à nous reprocher sur le sujet central que nous traitons qui est la lecture.
Et si je n'ai rien à changer à cette argumentation, c'est parce que celle
de Pedro Cordoba, prétendument hautement politique, est fausse . Je la cite en
partie mais vous pouvez en voir le contexte supra :
Tu as peut-être raison sur la lecture, le pédagogisme et le reste. Mais
la question n'est pas là. Il s'agit de réagir à une offensive de SOS
Education visant à monopoliser l'espace médiatique. C'est à contrer
cette stratégie que visent mes deux "idées-force". Cela ne t'empêche
pas de dire "autre chose que SOS-Education sur la lecture". Je
reconnais que j'ai lu très vite mais je n'ai pratiquement rien compris
à tes propos sur "la méthode globale qui est alphabétique". Imagine ce
que cela peut donner dans la tête d'un journaliste ou d'un parent
d'élève.
...
Il est vrai que SOS Education parle en ce moment de la lecture. Mais
ils s'en foutent.
Remarquons d'abord la puissance des prévisions de Pedro Cordoba : six ans après, nous ne sommes plus "en ce moment"
mais SOS-Education "parle" toujours de la lecture, toujours de la
défense de "la syllabique" et l'on se demande bien pourquoi il s'en
priverait puisque personne ne le critique.
Complimentons ensuite ce même Pedro Cordoba pour sa modestie lorsqu'il dit "qu'il n'a pratiquement rien compris à La Globale et la Syllabique"
: j'ai cependant tendance à penser qu'en tant que
membre de l'enseignement supérieur littéraire et membre des jurys des
concours de l'enseignement, il comprend très bien ce texte sorti 9 mois plus tôt et d'ailleurs les débats précédents
sur SPRIM l'attestent. Et je crains bien qu'il ne se présente comme un
gros benêt que pour
justifier l'idée qu'il faut en rester à la "défense de la syllabique"
et à la "condamnation de la globale" même s'il conçoit que je peux tout
à fait avoir raison. Et c'est bien cette conception " Il s'agit de réagir à une offensive de SOS
Education visant à monopoliser l'espace médiatique" qui
est le pire thème de ce qui est avancé puisqu'elle privilégie le combat
médiatique dont la valeur centrale est la démagogie et le fait de plaire
au plus grand nombre et qui se fout bien, en ce cas, effectivement, de
dire syllabique ou alphabétique à condition de "gagner en influence".
Quant aux interventions actuelles des membres du GRIP à propos de SOS-Education, notamment mais pas seulement celles de Mareuil - Guy Morel sur Neoprofs
ou Bonnet d'âne, elles n'abordent quasiment jamais le contenu
des revendications sur la lecture de SOS-Education mais lui
cherche prioritairement des poux dans la tonsure sur le terrain politique,
attitude qui ne peut que renforcer SOS-Education sur le terrain
politique ET sur le terrain de l'enseignement des méthodes de lecture.
Constante macabre.
Ecrit en novembre 2011, complété en avril/mai 2012.
Michel Delord
*
* *
Annexe I - Communiqué du GRIP
COMMUNIQUÉ DU GRIP : APPRENTISSAGE DE LA LECTURE, IL FAUT CESSER DE PRENDRE PARENTS ET INSTITUTEURS EN OTAGES
1. Une polémique se
développe dans les média autour des méthodes de lecture qui vise à
opposer deux camps, celui du ministre qui cherche à contenter les
parents inquiets, et celui des syndicats, qui protestent contre des
"sanctions" infligées à deux cadres de l'Education Nationale.
2. Cette polémique
obscurcit la question de l'apprentissage de la lecture et fait écran à
d'autres questions tout aussi importantes comme le délitement de
l'ensemble des enseignements fondamentaux : grammaire, calcul, éléments
de science, d'histoire et de géographie, avec des progressions et des
programmes incohérents à tous les niveaux d'étude.
3. On y discerne des
intérêts politiques ou économiques sans rapport avec la pédagogie ;
l'appel à la dénonciation des écoles par les parents lancé par une
organisation sans légitimité intellectuelle comme SOS-éducation
contribue encore à brouiller les pistes.
4. Dans ces
conditions, le GRIP (Groupe de Réflexion Interdisciplinaire sur les
Programmes), responsable de la mise en place d'un réseau de classes
pilotes SLECC où l'on pratique, à destination du public scolaire
général, les méthodes alphabétiques, l'apprentissage des quatre
opérations dès le CP et des programmes scolaires progressifs et
systématiques
- tient à affirmer son attachement à la liberté pédagogique des enseignants dans le choix de leurs méthodes,
- se désolidarise
entièrement de l'appel de SOS-éducation et, parallèlement, se déclare
choqué par la campagne alarmiste conduite par des syndicats pour
soutenir des cadres de l'EN qui ont dans les dernières années bafoué
une liberté pédagogique qu'ils prétendent aujourd'hui défendre (voir
http://www.unsa-education.org/sien/sections/lille/libpedPF.htm, "La
liberté pédagogique, alibi des conservateurs, obstacle à la
construction de l'école du 21ème siècle", par Pierre Frackowiak,
IEN,membre de la direction du PS).
- déplore qu'encore
une fois la pédagogie soit le terrain choisi pour régler des comptes
politiques, au détriment de l'intérêt des élèves,
- appelle à la fin de
l'omerta pratiquée par certains syndicats d'enseignants et une partie
de la hiérarchie de l'éducation nationale, quant à l'état des lieux
extrêmement préoccupant de notre système éducatif.
5. Le GRIP invite les citoyens de notre pays à soutenir l'Appel pour la refondation de l'école
, dénué de toute arrière-pensée politique, idéologique ou économique,
et qui vise à restaurer l'instruction publique sur la base de la
transmission des connaissances.
*
* *
Annexe II - Communiqué Sauver les lettres, Sauvez les maths, Reconstruire l'école
Communiqué de presse du 24 octobre 2006
Ecole : la défense des savoirs ne passe pas par SOS-Education.
Les associations signataires
de ce communiqué commun mènent depuis de longues années une lutte sans
concessions pour un enseignement de qualité dans une école ouverte à
tous. A l'heure où nos idées commencent à percer dans l'opinion, nous
aimerions éviter que des mesures maladroites, émanant d'un ministère
plus ou moins bien intentionné, aboutissent à des résultats
contre-productifs. Nous ne tolérerons pas que notre combat soit dévoyé
par le groupuscule malfaisant qui se cache sous l'étiquette de
SOS-Education.
Nous rappelons d'abord qu'il
convient de distinguer entre programmes et méthodes pédagogiques.
Au-delà des querelles sur la lecture, nous préconisons une refonte
totale des programmes depuis le primaire jusqu'au lycée, pour aboutir à
des contenus d'enseignement riches, progressifs et cohérents, dans
toutes les disciplines et sur l'ensemble de la scolarité. Un tel
objectif suppose que soient fournies aux élèves les bases
indispensables en français et en mathématiques. Nous exigeons d'abord
le retour à un apprentissage systématique de la grammaire et de
l'orthographe et l'abandon des " séquences " où tout se mélange et dont
rien ne survit. Nous exigeons aussi que la littérature fasse l'objet
d'un enseignement spécifique, fondé sur l'étude approfondie des œuvres
au lieu de les subordonner à un inventaire techniciste de catégories
prédéfinies. En mathématiques, l'école primaire doit apporter les bases
du calcul et de la géométrie plane et la rigueur des démonstrations
doit être réintroduite dès le collège. De plus, des filières clairement
définies doivent être rétablies à partir de la seconde et les
différents baccalauréats généraux donner à leurs lauréats les
connaissances nécessaires pour accéder à l'enseignement supérieur. La
terminale S ne doit plus être le refuge des meilleurs élèves, qu'ils se
destinent ou non à des études scientifiques : les lettres, les
mathématiques, les sciences expérimentales et les sciences sociales
sont d'égale dignité et méritent le même traitement dans le cadre de
baccalauréats profondément rénovés.
Dans le cadre de ces
nouveaux programmes, la liberté pédagogique des professeurs doit être
totale : ni le ministère, ni l'inspection n'ont à dicter leur loi en la
matière, pas plus que les nouveaux " conseils pédagogiques ". Cela
étant, cette liberté ne peut s'exercer dans le vide : nous exigeons que
les différentes méthodes d'apprentissage soient enseignées dans les
IUFM d'une façon claire et non biaisée et que les manuels
correspondants se trouvent dans tous les centres de documentation.
Chaque professeur se déterminera ensuite, librement, en fonction des
connaissances à transmettre, de sa propre expérience et de la réalité
de ses classes. C'est sur la seule base des résultats obtenus que son
travail devra être évalué par l'inspection.
Pour terminer, nous
dénonçons avec la plus grande vigueur les méthodes et les objectifs de
SOS-Education. Cette association a engrangé des moyens financiers
considérables en copiant la recette d' " Avenir de la Culture ",
émanation française d'une secte internationale de catholiques
intégristes, " Tradition-Famille-Propriété ", qui fut mise au ban par
l'épiscopat pour avoir voulu assassiner le pape Jean-Paul II, trop "
laxiste " à son goût. Les 64000 adhérents dont se prévaut SOS-Education
sont, pour la plupart, les victimes d'une opération de publipostage
massif et ciblé : les premiers " dons " ont été recueillis auprès de
grands-mères inquiètes de l'ignorance et de la " dépravation sexuelle "
de la jeunesse. Une telle façon de procéder, bien décrite dans un
rapport de l’Assemblée nationale à propos d’ " Avenir de la culture ",
a vocation à multiplier géométriquement le produit des dons et permet à
l’association de toucher un nombre toujours plus grand de parents. Sur
la base d’affirmations tronquées ou mensongères, SOS-Éducation les
invite alors à participer à de faux " référendums ", lance des
campagnes d'intimidation contre diverses maisons d'édition, exerce des
pressions incessantes et de toutes natures auprès des pouvoirs publics,
des élus, des responsables politiques, des journalistes et des familles
conformément, là aussi, aux techniques déjà bien rodées d’ " Avenir de
la Culture ". Se contentant de voler sur nos propres sites Internet des
informations et des analyses qu'ils sont bien incapables de produire
eux-mêmes et qu'ils déforment pour les adapter à leur mauvaise cause,
les dirigeants de SOS-Education ambitionnent aujourd'hui de passer pour
le fer de lance d’un renouveau de l’école tout en engageant, sous le
prétexte de réaliser un sondage sur les manuels de lecture, une
véritable campagne d'appel à la délation des instituteurs "
non-conformes ".
SOS-Education n'entend
nullement remettre l'Ecole publique sur les rails. En créant la
confusion dans l'esprit des parents, en les dressant contre les
professeurs, elle orchestre, en réalité, sa destruction dans le seul
but d'imposer sa propre " solution " : le démantèlement de l'Education
nationale au profit d'écoles privées financées par le " chèque
éducation ". SOS-Éducation s'inscrit ainsi dans cette nébuleuse
d'associations rassemblées autour d’une prétendue " Révolution bleue "
pour construire en France un pôle d'extrême-droite ultralibérale. Rien
ne saurait être plus éloigné de notre propre conception d'une Ecole de
qualité, publique, laïque et gratuite.
Reconstruire l’école – Sauver les lettres – Sauver les maths
*
* *
Annexe III - Position de SOS-Education fin 2011
SYLLABIQUE / GLOBALE : UN VIEUX CONFLIT
La méthode syllabique est la
méthode traditionnelle d’apprentissage de la lecture.
La méthode globale est dès son origine
la méthode des pédagogistes, désireux de transformer en profondeur le système éducatif.
C’est un Français,
Nicolas Adam, qui l’a décrite le premier dès 1787.
À cette époque, les théories déjà avancées de Rousseau conquièrent peu
à peu les esprits. Le désir des révolutionnaires de rénover la société
française et de détruire les traditions passe aussi par l’éducation des
enfants.
La pédagogie conquiert son public… peu importent ses résultats.
C’est en Belgique, au début du XXe siècle qu’elle est
développée par le pédagogue Ovide Decroly. Il prône la perception globale des phrases et non plus l’apprentissage des lettres et des syllabes.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale en France, le plan
Langevin-Wallon, instigateur du collège unique lance une grande
réflexion sur l’enseignement du français.
À la fin des années 1960, les manuels d’apprentissage reposent principalement sur la méthode globale.
En 1990 apparaissent les premiers instituts de formation des maîtres,
mieux connus sous le nom d’IUFM. Ces lieux de formation font la part
belle aux idées des pédagogistes. Ces instituts forment principalement
les aspirants enseignants à la méthode globale et aux thèses selon
lesquelles
le savoir passe après l’épanouissement des enfants. L’école est avant tout un lieu où les élèves apprennent davantage à « vivre ensemble » qu’à lire, écrire, compter…
En 2000, l’enquête PISA révèle les dégâts de la méthode globale, quasiment appliquée dans toutes les écoles.
En 2003, la France recule de quatre places dans ce classement. Mauvaise
élève de l’OCDE, elle récolte les fruits d’une méthode de lecture
critiquée par les spécialistes mais appliquée à pratiquement l’ensemble
des écoles. Quand pédagogisme et intérêts des enfants ne font pas bon
ménage…
Par une circulaire du 3 janvier 2006, le ministre de l’Éducation, Gilles de Robien,
a interdit l’usage de la méthode globale et de ses dérivés.
Hélas, cette victoire fut de courte durée puisqu’un arrêté en mars de
la même année ayant pour objet de préciser les programmes a donné la
définition de la méthode semi-globale. Cet arrêté a donné des armes aux
syndicats qui n’ont pas hésité à sauter sur l’occasion pour affirmer
qu’ils n’appliqueraient pas la réforme ! Pour la rentrée scolaire de
2006, ils ont même fait éditer des brochures vantant les mérites des
méthodes à départ global.
Cet épisode, assez méconnu du grand public laisse imaginer que la méthode syllabique a été réintroduite dans les écoles en 2006, or,
il n’en est rien !
Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons agir en faveur de la méthode syllabique.
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