Une nouvelle Science : la rempartologie
Contribution à l’étude de la chute des remparts ...
contre le communisme, l’islamisme...
La méthode Cabot Lodge a encore de l’avenir
ou
Alain-Gérard Slama en est tout éberlué
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Un document historique générique exceptionnel :
Le dernier dialogue téléphonique de l’ambassadeur des USA [1] avec un rempart du monde libre[2] contre le XXX [3]
M. le rempart : Que dois-je faire ?
M. l’ambassadeur : Désolé, cher rempart contre le XXX, comme vous n’êtes plus utile, vous devenez de fait surnuméraire.
Vous risquez même d’être franchement nocif.
La ligne a ensuite été coupée.
[1] Au lieu de « des USA », on peut aussi lire d’Angleterre, de France …
[2] Expression vieillie
[3] XXX peut être remplacé par communisme ou islamisme ou par …
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Il aurait été possible de
faire commencer avant 1950 ces quelques références sur la structure des
remparts puisque les manipulations politiques sont bien plus vieilles
que la deuxième moitié du XXème siècle. Mais ces deux exemples ont un
point en commun : ils se situent tous deux à une époque où les
USA sont la première puissance mondiale. C’est clair pour les années
Diem - 1954 / 1963 - mais la chute de ce premier rempart est un élément
précurseur de la chute générale du rempart Vietnam dans les vingt
années suivantes c'est-à-dire non pas la perte du leadership
américain mais, ce qui n’est pas rien dans la vie d’un empire, sa
première défaite militaire en 1975.
La chute de Ben Ali arrive
par contre au moment où les USA sont en train de perdre plus ou moins
leur rôle de seule première puissance mondiale : un indice en est que
depuis décembre 2010, les chinois et les russes n’utilisent plus
le dollar comme monnaie d’échange .
En mai 2010, le
vice-premier ministre et ministre russe des Finances Alexeï Koudrine
déclarait devant les étudiants en économie de l'Université de
Saint-Pétersbourg :
"Je
considère que le yuan a de bonnes perspectives. Le yuan prendra pied
sur le marché international et aura le statut de monnaie de réserve
dans dix ans"
Dépêche de l’agence Novosti du 15 mai 2005
Ce qui était précisé le 25 novembre 2010 par l’Agence Chine nouvelle :
« La
Chine et la Russie accroîtront les règlements en devises locales lors
de leurs échanges commerciaux bilatéraux, a annoncé le Premier ministre
chinois Wen Jiabao et son homologue russe Vladimir Poutine lors de leur
réunion mardi, au lendemain du lancement des transactions entre le yuan
chinois et le rouble russe sur le marché interbancaire chinois, une
étape considérée comme un premier pas dans la mise en place d'un
système de règlement en devise locale entre les deux pays. L'achat et
la vente du yuan chinois sur le marché des changes russe débuteront en
décembre prochain. »
I) LE REMPART CONTRE LE COMMUNISME
Howard Zinn, Le XXème siècle américain , Agone, Montpellier, 2003. Un extrait infra Chap. VII : Vietnam, l’impossible victoire, Sous-chap. : La CIA abandonne Diem aux généraux putschistes, pages 210/211.
Les
accords de Genève autorisaient les États-Unis à envoyer six cent
quatre-vingt-cinq conseillers militaires au Sud-Vietnam. Eisenhower en
expédia plusieurs milliers. Sous Kennedy, leur nombre passa à seize
mille et certains d'entre eux commencèrent à participer aux opérations
militaires sur le terrain. Malgré tout, Ngo Dinh Diem [Mis en place comme chef d’état par les USA en 1954, MD]
courait à la défaite. La plupart des zones rurales du Sud-Vietnam
étaient désormais contrôlées par les villageois eux-mêmes, encadrés par
le FNL.
Diem devint vite une gêne, un
obstacle à la mainmise effective des Américains sur le Vietnam.
Quelques généraux vietnamiens complotèrent pour renverser le régime
tout en gardant contact avec le responsable local de la CIA, Lucien
Conein. Celui-ci rencontra secrètement l'ambassadeur américain, Henry
Cabot Lodge, qui accepta avec enthousiasme le projet de coup d'État. Le
25 octobre 1963, Lodge informait le conseiller de Kennedy, McGeorge
Bundy, qu'il avait « personnellement
approuvé toutes les rencontres entre le général Tran Van Don et Conein.
Ce dernier a fait part de mes ordres de manière explicite à chacune de
ces occasions ». Kennedy semblait hésiter, mais rien ne fut fait
pour prévenir Diem, bien au contraire. Juste avant le coup d'État et
après être entré en contact avec les conjurés par l'intermédiaire de
Conein, Lodge passa un week-end avec Diem dans une station balnéaire.
Lorsque les généraux prirent d'assaut le palais présidentiel, le 1er
novembre 1963, Diem appela l'ambassadeur et ils échangèrent les propos
suivants :
DIEM - Certains régiments se sont rebellés et je veux savoir quelle sera l'attitude des États-Unis.
LODGE - Je ne me considère
pas comme assez bien informé pour vous répondre. J'ai entendu les coups
de feu mais ne suis pas au courant de tout ce qui se passe. En outre,
il est quatre heures trente du matin à Washington et le gouvernement
américain n'a probablement rien décidé pour le moment.
DIEM - Mais vous devez bien avoir une petite idée.
Lodge dit à Diem de l'appeler
s'il désirait qu'il fasse quoi que ce soit pour assurer sa sécurité
personnelle. Ce fut la dernière conversation entre un Américain et
Diem. Ce dernier s'enfuit du palais présidentiel puis fut rapidement
arrêté avec son frère par les généraux insurgés, transporté dans un
camion et enfin exécuté.
Une question importante qui
n’est pas tranchée : lorsque Cabot et Ngo ont joué ensemble au golf
pendant ce que Cabot savait être le dernier week-end de Ngo, l’a-t-il
laissé gagner ?
Il serait judicieux - mais ce
n’est pas le cadre de ce texte – de noter comment le monde libre, après
avoir poussé les hongrois contre la puissance russe en 1956, les a
laissé tomber ce qui arrangeait tout autant l’URSS que les USA.
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II) QUELQUES REMPARTS CONTRE L’ISLAMISME
Sans s’appesantir sur le fait
que la défense « de gauche » du colonialisme au nom de la laïcité a
pour le moins aidé à justifier l’islamisme et sans approfondir le lien qui existe entre les thèses du rempart contre le communisme et celles du rempart contre l'islamisme
, il n’est pas inutile de noter un fait récurrent de l’histoire
des mouvements islamistes politiques au XXème siècle : alors
qu’ils avancent des thèses anti-occidentales, ils ne « refusent pas »
le soutien des principales puissances mondiales qui les utilise dans
la lutte contre les mouvements nationalistes arabes. Les Frères
musulmans sont la matrice de ce double jeu officiellement
anti-occidental : leur naissance à Ismaïlia en 1928 se fait avec une
subvention de 500 livres de la Compagnie du canal de Suez qui est la
représentants des intérêts franco-anglais en Egypte [ Olivier Carré,
Michel Seurat, Les frères musulmans 1928-1982,
L’Harmattan, 2002, pages 17/18] . L’organisation restera aussi en
contact – secret – avec l‘ambassade de Grande Bretagne et
entretiendra des rapports troubles avec les roi Fouad 1er et Farouk
pourtant entièrement compromis avec l’occupant britannique.
1) Le rempart Saddam Hussein
Passons rapidement sur ce rempart : après avoir été une parfaite lavette par rapport aux USA, il s’est fait liquidé.
2) Le rempart Ben Ali
La même histoire - jeter le
kleenex lorsqu’il est usé - se répète avec Ben Ali : au moment des
émeutes, le général Rachid Ammar commandant l’armée tunisienne
rencontre l’ambassadeur américain Gordon Gray qui lui dit [Voir les
annexes I et II]
-L’armée ne tire pas sur la foule.
-Vous notifiez aimablement à M.Ben Ali qu’il a intérêt à déguerpir dans les délais les plus brefs.
M. Gray n’est donc pas un
imbécile puisqu’il ne discute ni avec le président, ni avec un
quelconque ministre ou un élu mais avec celui qui représente un vrai
pouvoir, c'est-à-dire le général commandant les forces armées.
Rachid et Gordon
n’ont pas beaucoup de troubles de conscience lorsqu’il s’agit de
calmer le bon peuple par tous les moyens y compris en lui trouant la
peau si l’on obtient ainsi la paix sociale. Mais tirer dans le tas
risque en ce cas précis d’augmenter encore le désordre au lieu de
calmer le bon peuple.
Agissant conformément à
l’importance stratégique qu’ils donnent à la France, les USA
n’avaient prévenu ni le gouvernement français ni M. Sarkozy par
ligne privée. Ils croient donc toujours qu’il faut soutenir Ben Ali
puisqu’il est un « rempart contre l’islamisme ». Et Mme Alliot-Marie se
ridiculise. Mais pas autant que le PS lorsqu’il fait des reproches à la
ministre.
Ben Ali, rempart contre l’islamisme, se réfugie en Arabie Saoudite, pays non islamiste par essence (et plus précisément par pétrole en ce cas).
3) Le petit rempart Alain-Gérard Slama
Chronique d’Alain-Gérard Slama du jeudi 27 janvier sur France-Culture :
«
Deux verrous majeurs du rapprochement Orient Occident, donc de la paix
mondiale sont en train de sauter sous nos yeux, la Tunisie aujourd’hui
l’Égypte demain, avec la bénédiction d’Obama. J’en suis éberlué [Souligné par moi, MD].
L’impuissance d’Obama devant ces deux situations est flagrante et dans
le cas d’une prise en main islamiste de ces deux pays, l’Iran en tirera
les conséquences. »
Non seulement les USA n’ont
pas prévenu Mme Alliot-Marie qu’il ne fallait plus soutenir Ben Ali
mais, comble de manque de tact par rapport aux intellectuels, ils
n’ont pas prévenu le soldat théorique Slama qu’il fallait pour le moins
relativiser la thèse du rempart contre l’islamisme comme principe
directeur de la politique internationale.
Et il en est tout éberlué, le pauvre.
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III) LE REMPART CONTRE L’ISLAMISME ?
Lorsque les questions
sociales et politiques deviennent incontournables, il y a toujours un
couple de bonnes âmes pour faire régresser la pensée vers un faux
débat sur le terrain de l’opposition religieuse en nourrissant un
débat religieux / antireligieux : la France est par essence le pays
qui a fait de ce genre d’attitude un sport national transformant
d’autant plus la défense laïque en slogan creux qu’il l’a employé plus
souvent. A tel point que la totalité des organismes laïques demande
comme un seul homme de défendre une école laïque … qui n’instruit pas.
En ce sens l’argument du
rempart contre l’islamisme est un tel miroir aux alouettes qu’il ne
peut pas disparaître puisqu’il est tellement utile, au minimum, pour
détourner l’attention de ce qui est important.
Et il sera d’autant plus
employé que l’estampillage « rempart contre l’islamisme » ne sera plus
qu’un cache-sexe justifiant l’intérêt stratégique que représentent un
certain nombre d’états pour une stabilisation régionale. D’ailleurs
l’Arabie saoudite, état s’il en est favorable au statu quo, ne
remplit-il pas quasiment tout ce qui est requis pour avoir droit au
qualificatif de « rempart contre l’islamisme » ? A part qu’il est
islamiste, certes. Mais est-ce vraiment important ?
Il existe une idée qui paraît
vraie tellement elle semble naturelle, idée longtemps défendue par le
stalinisme dans ses différentes variantes : il peut et doit y avoir un
accord entre les pays et nations à « systèmes sociaux semblables
» et, à part dans des périodes de « coexistence pacifique », il
doit y avoir des conflits entre les pays à « système sociaux différents
».
Il suffit de prendre
l’exemple de la seconde guerre mondiale - ou l’on a trois « systèmes
sociaux » différents, le fascisme, le communisme et la démocratie -
pour se convaincre que ce type de thèses ne permet pas de décrire les
alliances en place et leurs évolutions :
-les fascismes franquistes et
salazaristes n’entreront jamais en guerre ni avec les USA ni avec
l’Angleterre qui n’entrera pas non plus en guerre avec l’Espagne
-le communisme russe ne fera
pas la guerre au fascisme japonais ; il attendra quelques jours avant
la fin de la seconde guerre mondiale pour lui déclarer la guerre
8 août 1945 : L'URSS déclare la guerre au Japon.
9 août 1945 : Seconde bombe atomique américaine sur Nagasaki (40 000†).
15 août 1945 : Staline, Trumann et Atlee annoncent la fin de la seconde guerre mondiale.
- la démocratie américaine maintiendra un ambassadeur – et pas n’importe qui car « Roosevelt joue à fond la carte Pétain » – auprès du maréchal Pétain jusqu’en mai 42 et un conseiller d’ambassade Tuck jusqu’en novembre 1942.
- de 1941 à 1945, le
communisme sera allié avec la démocratie alors que de 39 à 41 c’est le
fascisme et le communisme qui sont alliés ; et les USA et l’URSS se
considéreront réciproquement comme alliés et démocrates à partir de
1941 , et comme réincarnations du fascisme à partir de 1947.
Certains
diront qu’il y avait de bonnes raisons pour que, par exemple, la Grande
Bretagne et l’Espagne fasciste, ou les USA et l’URSS, systèmes sociaux
différents, ne se déclarent pas la guerre entre 41 et 45. Et
c’est bien vrai mais cela prouve justement que les intérêts d’états ont
plus d’importance que la différence des systèmes sociaux.
Le « clash des civilisations
», chaque civilisation étant basée selon Samuel Huntington sur une
religion, est une théorie fille de la position définie précédemment
pour les pays et les nations mais étendue aux civilisations pour une
période qui est marquée par une balkanisation mondiale généralisée. Et
elle prétend objectiviser ainsi l’importance du poids et du rôle, dans
l’histoire actuelle, d’une civilisation, la civilisation islamiste
basée sur la religion musulmane.
La thèse est intéressante
mais on peut douter du fait qu’il s’agisse d’une thèse « purement
scientifique » évaluant de manière objective le poids et le rôle de
l’islamisme dans la politique mondiale.
En effet au moment où paraît en 1996 « The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order
», cela fait une quinzaine d’année que les USA soutiennent les
moudjahidin contre l’URSS et dix ans qu’ils les ont armé de missiles
sol air Stinger, ce qui ne diminue pas – on en conviendra - le
poids historique et militaire de l’islamisme. Qui plus est non pas
quinze ans avant mais au moment où le livre de S. Huntington paraît, la
CIA finance les talibans et entretient des rapports troubles avec Al
Qaida .
Donc voici une recette
reproductible du succès politico-littéraire : dans un
premier temps, phase la plus difficile à réaliser pour un auteur isolé,
vous financez et vous armez pendant 20 ans une tendance religieuse X au
point de la rendre victorieuse contre la deuxième puissance mondiale –
une paille donc – . Et vous éditez ensuite un opuscule – prémonitoire
- montrant que cette tendance X a beaucoup de poids et peut même
- ô surprise - être dangereuse.
Et naît ainsi non pas la
thèse du danger islamiste en général, thèse qui est beaucoup plus
vieille – plus même que celle du « péril jaune » ? - mais celle
l’importance absolue du danger islamiste, qui engendre naturellement
l’impératif moral tout aussi absolu de l’appui aux « remparts contre
l’islamisme ».
Cette thèse, quelle que soit
sa validité, a un grand succès dans le monde libre d’une part parce
qu’elle vient des USA auxquels chacun préfère plaire et d’autre part
parce qu’elle correspond aux intérêts réels de ceux qui la partagent
notamment pour garantir le statu quo au Maghreb et au Proche Orient. Et
aussi parce que les USA ont besoin en permanence d’un ennemi extérieur
à ramifications internes pour réaliser l’union nationale. L’épouvantail
communiste a joué ce rôle pendant soixante-dix ans et son bien
aimé descendant l’épouvantail islamiste a bien pris la succession pour
la période du pouvoir unipolaire des USA.
Mais justement les temps
changent : nous sommes entrain de dépasser cette période du «
pouvoir unipolaire ». Si, pour les USA, le danger principal est
la Chine, la mise au premier plan de l’épouvantail islamiste et
de la défense corollaire des remparts contre l’islamiste perd, de
toutes façons et quelle que soit la valeur réelle du danger islamiste
, beaucoup d’importance puisqu’elle se réduit fondamentalement, coté
américain, à ce qui est nécessaire pour encercler la Chine et le
heartland. Et en ce cas, les sentiments antichinois aux USA seront bien
suffisants pour y assurer l’unité nationale.
Élève Slama, on suit ?
En tout les cas, il y a un résultat réel de cette crise : on admet maintenant – voir les discussions aux USA sur « l’avenir de l’Egypte » notamment depuis l’arrivée de M. Frank Wisner
- qu’il est normal que les grandes puissances pratiquent ouvertement l'ingérence dans les
affaires internes des autres pays ( d’autant plus que M. Wisner en est
un grand spécialiste puisqu'il a été un des dirigeants du Gladio).
Est-ce pour donner raison à Al-Qaida : « Les
gouvernements « croisés » (occidentaux), avec à leur tête celui des
États-Unis, interfèrent dans les affaires intérieures des nations
islamiques et ce dans l'intérêt unique des sociétés occidentales » ?
Cabanac, le 6 février 2011
Michel Delord
PS : Ce texte n’est pas du tout une analyse de la situation tunisienne ni même du contexte général actuel.
Il ne signifie pas que
l’argument du rempart contre l’islamisme ne sera plus utilisé puisque
les USA l’ont déjà utilisé pour justifier l’abandon de Ben Ali
(cf. Annexe I). Mais si des islamistes
deviennent des meilleurs garants de la paix, il faudra jouter des états
islamistes à la liste des états remparts contre l’islamisme,
créer ainsi la catégorie des « bons islamistes », catégorie à qui
il ne sera pas impossible d’appliquer, lorsque ses membres auront
été utiles, la méthode Ben Ali.
Si l’on veut donc s’intéresser à « la situation concrète », on peut remarquer
a) que les
services secrets des USA, des pays du golfe et d’Israël n’ont pas
été efficients à moins qu’ils souhaitent pour des raisons diverses une
dégradation de la situation
b)
que, pour comprendre plus précisément l’intérêt stratégique de la
Tunisie, il serait utile au minimum de tenir compte du fait que la zone
maritime séparant la Sicile de la Tunisie
-abrite le gazoduc
transméditerranéen qui alimente l’Europe en gaz naturel d’origine
algérienne, ce qui a une certaine importance même s’il a maintenant
deux concurrents MEDGAZ et GALSI qui eux, ne passent pas
par la Tunisie.
-comprend le plateau continental situé entre la Tunisie et Malte, zone pour laquelle ces deux pays ont passé en 2006 un accord d’exploitation pétrolière.
c) que les
évènements les plus importants se passeront probablement si les armées
tunisiennes, égyptiennes, etc. commencent à présenter des fissures
d) que le
meilleur garant de l’ordre en Égypte pourrait être une coalition du
type intervention de Suez en 1956 mais en ce cas elle ne pourrait être
justifiée que par une grande dégradation de la situation interne.
Hypothèse inverse : favoriser par divers moyens une grande
dégradation interne pour justifier une petite invasion…
e) beaucoup d’autres choses …
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Annexe I :
Nicolas Pomiès, Tunisie : l’intervention des États-Unis est-elle de bon augure ? 24 janvier 2011
Le Canard Enchainé du 19
décembre 2011 a rapporté les propos de la ministre française Michelle
Alliot-Marie qui a déclaré qu’en Tunisie «
Nous n’avons rien vu arriver. Ce sont les Américains qui ont pris les
choses en main. Ils étaient convaincus que le maintien par la force du
régime ne pouvait que faire le lit, à terme, des islamistes ».
« Les
militaires américains ont parlé avec leurs homologues tunisiens, et Ben
Ali a été prié de quitter, sans plus attendre, le territoire. Inutile
de préciser que les Américains n’ont pas pris la peine de nos tenir au
courant ».
On en connaît beaucoup plus, depuis, sur la Révolution de Jasmin, sur le rôle joué par l’armée tunisienne et par les États-Unis.
Dans une interview au
Parisien, l’amiral Jacques Lanxade, ancien chef d’état-major des armées
françaises qui fut ambassadeur de France à Tunis dans les années 1990,
suggère que le refus de l’armée d’ouvrir le feu dans les jours qui ont
précédé la fuite de Ben Ali a joué un rôle essentiel.
Le 12 janvier, le département
d’État américain s’est dit profondément préoccupé par les informations
faisant état d’un recours à la force excessif par le gouvernement de
Tunisie.
Le 13 janvier, le chef
d’état-major de l’armée de terre tunisienne, le général Rachid Ammar
démissionne, ayant reçu des pressions américaines et refusant de faire
tirer l’armée, c’est probablement lui qui a conseillé à Ben Ali de
partir en lui disant qu’il était “fini”, avance l’amiral Lanxade.
Il semble bien que Ben Ali
ait tenté de contraindre l’armée à tirer sur des civils et c’est
pourquoi la France, ignorante les manœuvres américaines a tenté de le
convaincre de le maintenir l’ordre avec des moyens moins violents.
(d’où aujourd’hui une polémique contre la ministre Alliot-Marie).
Le 20 janvier, Gordon Gray,
ambassadeur des États-Unis d’Amérique en Tunisie a rédigé une tribune
dans laquelle il s’adresse au peuple tunisien « …
peuple tunisien, je vous félicite pour votre courage et votre
détermination dans la conduite de la Révolution de Jasmin. Vos
exigences des droits humains fondamentaux et votre exercice de la
liberté d’expression et la liberté de réunion ont été une inspiration.
Les États-Unis sont avec vous pendant que vous entamez la transition
vers une démocratie stable et pacifique… »
L’administration Obama
miserait donc sur le gouvernement de transition pour maintenir la
stabilité et faire barrage aux islamistes dans un pays qui devrait voir
passer un nouvel oléoduc important dans la géostratégie américaine.
Lorsqu’on connaît le peu
d’efficacité des politiques américaines face aux islamistes
(Afghanistan, Irak, Iran, Soudan, etc.) on peut craindre pour la
situation d’un pays qui nous est si proche.
De même, qu’il est à craindre
que comme les révolutions de couleurs des pays de l’Est, encouragées
par les États-Unis, la révolution de jasmin ne finisse par se retourner
contre le peuple tunisien.
Les républicains ont un devoir de solidarité avec les Tunisiens !
Annexe II
Maghreb-Intelligence.com, Comment Zine El Abidine Ben Ali a été débarqué ? 20 Janvier 2011.
Vendredi 14 janvier. Dans la
matinée, c’est un Zine El Abidine Ben Ali aux abois qui se replie sur
son palais de Hammamet. Il y convoque certains membres de son
gouvernement et quelques conseillers. Une équipe de la télévision
tunisienne est également présente sur les lieux.
Autour du palais, le général
Ali Sériati chef de la sécurité du président, veille au grain. Ses
sbires quadrillent le quartier où se situe la résidence présidentielle,
armes à la main. Zine El Abidine Ben Ali convoque Abdelaziz Ben Dhia,
porte-parole de la présidence et Abdelwahab Abdallah, son conseiller
politique et allié sans faille du clan Trabelsi. Il les informe que la
situation échappe à tout contrôle et qu’il sera dans l’obligation de
sacrifier quelques têtes. Les rapports qui lui parviennent des services
de sécurité font état d’une révolte généralisée dans le pays. La foule
serait en train de marcher sur le Palais de Carthage à Tunis. Les deux
hommes effarés acquiescent dans un premier temps avant de se rebiffer
et de demander la tête du chef du gouvernement Mohamed Ghannouchi. Le
président hésite un moment et finit par trancher. Son téléphone
n’arrête pas de sonner. C’est Leila Trabelsi qui depuis Dubaï l’incite
à résister. Elle lui dit qu’il peut compter sur les milices de ses
frères ainsi que sur l’appui des pays du Golfe. Ben Ali ne veut plus la
prendre au téléphone. Il démet ses deux conseillers, mais cela ne calme
pas la rue. La foule demande clairement le départ de Ben Ali. Deux
heures après, il démet le gouvernement Ghannouchi avant de le renommer.
La veille, le président avait été lâché par deux figures de son régime
: le ministre des Affaires étrangères, Kamel Morjan et le général de
corps d’armée, chef de l’état-major Rachid Ammar. Tous les deux forment
un axe solide qui demande au président de partir pour éviter le bain de
sang. Au milieu de l’après-midi, le général Rachid Ammar informe le
président Ben Ali que l’armée sera obligée de décréter un couvre feu
général et que dans trois heures elle procédera à la fermeture de
l’espace aérien. Kamel Morjan appuie les propos du général Ammar. Il
dit au président que si jamais d’autres victimes civiles venaient à
tomber sous les balles de la sécurité, les Américains vont
définitivement lâcher le régime et appliquer des sanctions. C’est alors
qu’Abdelaziz Ben Dhia intervient et réussit à convaincre le président
de «s’éclipser » quelques jours pendant lesquels la Tunisie sombrerait
dans le chaos. Plusieurs attentats seraient organisés et imputés aux
islamistes. Le RCD organiserait dans la foulée des marches monstres
demandant le retour du sauveur. Ben Ali se laisse convaincre. Il pense
tout d’abord rester en Tunisie, puis se résigne à la quitter. Dans un
premier temps, c’est Malte qui est choisie parce que toute proche de
Tunis. Et puis, c’est pour Paris que Ben Ali opte finalement. Là-bas,
il pense pouvoir bénéficier d’une grande couverture médiatique. Alors
qu’il est escorté par des éléments de sa garde rapprochée jusqu’à son
avion, le premier ministre Mohamed Ghannouchi est « obligé »
d’enregistrer un message au peuple tunisien où il annonce que le
président Ben Ali renonce temporairement au pouvoir. Avec le général
Ali Sériati, Abdelaziz Ben Dhia veille sur le déroulement de la
cérémonie. Le plan est diabolique. Mais, c’est sans compter sur la
détermination du duo Ammar-Morjan. Dans la soirée, les Américains font
pression sur les français pour qu’ils n’accueillent pas le président
déchu, alors que Hilary Clinton appelle le prince Nayef Ben Soltane
pour accueillir Ben Ali. Au même moment, une réunion houleuse se
déroule à Tunis. Le général Rachid Ammar fait savoir que l’armée
garantira le respect de la constitution. Les ténors du RCD en viennent
aux mains. Ben Dhia est pris d’un malaise. Abdelwahab Abdallah est mis
en résidence surveillée chez lui. Aux premières heures du matin,
l’ordre constitutionnel est rétabli sous la pression des deux amis
Kamel Morjan et Rachid Ammar. Exit donc Ben Ali. L’empêchement se mue
en vacance du pouvoir et le président du parlement Fouad M’bazaa,
cardiaque et désintéressé, est proclamé par la Cour constitutionnelle
président de la République. Pris de cour, le général Sériati et les
sbires de Ben Ali fuient un peu partout. Ils veulent organiser le
maquis. Ordre leur a été donné de « brûler » la Tunisie. Un scénario
qui ne sera pas mené à termes. L’armée et les citoyens fraternisant ont
sauvé le pays du Jasmin d’une catastrophe.